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Monjangaia

Monjangaia

C'est un blog d'informations et d'analyses sur l'actualité internationale en général, et, malgache, en particulier.

Publié le par Monjangaia Eddy Rabe

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Publié le par Eddy Rabe

Comme on le sait tous maintenant, les pourparlers de Seychelles n'ont abouti à rien. La double confrontation entre les deux principaux protagonistes à la crise malgache, entre autres Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana, initiée par la Communauté de développement des Etats d'Afrique Australe (SADC) fin juillet et début août, n'a pas donné les résultats escomptés pour sortir enfin la Grande Ile de cette crise qui la mine depuis plus de 03 ans. En fait, le résultat de ces rencontres n'a surpris personne, des plus avisés des observateurs politiques aux profanes de la vie politique malgache. En effet, les positions des deux mouvances n'ont jamais connu de rapprochement depuis le début de la crise jusqu'à l'application de la feuille de route, véritable pierre d'achoppement à toutes résolutions, notamment dans l'interprétation de ses articles 20 et 45. Marc Ravalomanana veut rentrer et espère se présenter aux prochaines élections présidentielles; Andry Rajoelina et consorts veulent l'en empêcher et souhaitent le remettre à la Justice pour ses crimes. Par ailleurs, la communauté internationale, par le biais de la SADC, assez pessimiste avant les rencontres des Seychelles sur une hypothétique solution, a déjà laissé entrevoir l'hypothèse d'écarter les deux hommes. Seychelles n'auraient, sans doute, été qu'une étape diplomatique dans cette démarche. Les différentes consultations des entités politiques malgaches effectuées par Marius Fransman (Vice-ministre sud-africain chargé des affaires étrangères et de la coopération représentant la SADC) corroborent d'ailleurs cette hypothèse. La SADC met ainsi la classe politique malgache devant ses responsabilités l'obligeant tacitement à se prononcer sur l'épineux cas Marc Ravalomanana et le futur de Andry Rajoelina. Ainsi, le "Ni Ravalomanana, ni Rajoelina" prend de l'ampleur et au vu du contexte actuel, ce serait une solution honorable et judicieuse pour Madagascar. Et voici, pourquoi.

D'abord, concernant Marc Ravalomanana. Depuis sa chute en mars 2009, l'ancien président de la République n'a jamais cessé de clamer sa volonté de revenir au pays et de retrouver le pouvoir. En disposant d'un important moyen financier, il a multiplié les actions de lobbying pour mettre en disgrâce la Transition face à la communauté internationale. Et ça a fonctionné. Seulement, ce comportement a conduit aux différents blocages à la recherche de solution pour sortir le pays de la crise. Car ce comportement a conforté la radicalisation des positions des protagonistes à la crise, et en particulier celles du pouvoir actuel, estimant plus Marc Ravalomanana comme un ennemi politique qu'un interlocuteur au dialogue pour une solution durable pour Madagascar. L'ambition sans mesures du fondateur du groupe Tiko pour le pouvoir exaspère à tel point que le camp d'en face ne croit plus véritablement à sa volonté de rechercher l'apaisement. Il ne faut pas oublier non plus que sur le cours de l'histoire de Madagascar, tout président de la République déchu par le peuple a tous, sans exception, observé le retrait et le droit de réserve sur la continuité de la vie politique du pays et pour la sérénité et l'intérêt supérieur de la Nation. Philibert Tsiranana, le père de l'indépendance, l'a fait en 1972; Didier Ratsiraka, par deux fois, en 1991 et en 2002, s'est exilé sans rechigner et Zafy Albert, empêché par le Parlement en 1996, s'est dignement et sagement rangé politiquement. Toute cette sagesse dévolue à un ancien chef d'Etat dans l'intérêt supérieur de la Nation, Marc Ravalomanana ne l'a pas et sa personnalité guidée par les ambitions personnelles ne peut, hélas, la renfermer. Bien au contraire, on lui prête des accusations sur les actes de déstabilisation de tous genres dont certains s'apparentent même à des actes de terrorisme, des faits assez rares sur le sol malgache, faut-il le souligner. Tous ces faits mènent à constater que Marc Ravalomanana constituent plus un problème qu'une solution pour Madagascar pour l'apaisement socio-politique que recherche le pays pour son avenir. Il est vrai qu'il n'est jamais plaisant de se faire destituer et il est compréhensible de crier à l'injustice si cela se produit d'une manière illégale comme ce fut le cas de Marc Ravalomanana, de Didier Ratsiraka ou de Philibert Tsiranana mais la légitimité du peuple prime contre et envers tout. Marc Ravalomanana a dirigé le pays d'une main de fer avec des emprisonnements à la chaîne au sortir de la crise de 2002, il a laissé un souvenir si douloureux pour beaucoup de Malgaches que les plaies ne sont pas encore prêtes de se cicatriser 04 ans après.

Quant à Andry Rajoelina, il est, sans conteste que, meneur de la Révolution Orange malgache qu'il était, il était animé de réelle bonne volonté lors des mouvements ayant mené à la chute de Ravalomanana. Mais, une fois arrivé au pouvoir, l'actuel président de la Transition a déçu. Il a manqué de fermeté et de volonté politique au moment où le pays comptait sur lui, en tant que leader des mouvements contestataires, pour aspirer à un changement par rapport au régime déchu et à une réorientation de la vie politique malgache. A-t-il été subjugué par le désir du pouvoir au point de vouloir mener une transition acquise qui se traduirait à une élection naturelle au poste suprême? Ou tout simplement, a-t-il été berné par des conseillers politiques intéressés qui roulent pour une transition pour "se revigorer"? Il y a un peu de tout ça. Toujours est-il que l'option de se mettre sur la table des négociations pour s'offrir la reconnaissance internationale n'étaiit pas une bonne idée. Au contraire, ça a enlisé encore plus le pays dans un chaos politique et ça n'a fait qu'amplifier la crise et rallonger la transition. Il aurait été peut-être mieux d'avoir organisé des élections libres et transparentes, avec le concours d'observateurs internationaux et sans la participation de Andry Rajoelina. Si les élections auront été reconnues justes, la reconnaissance internationale se sera accréditée naturellement; la communauté internationale ne peut se soustraire au choix libre, légitime et légal d'un peuple souverain. L'accession au pouvoir de Marc Ravalomanana en 2002 en atteste. Il ne faut pas oublier non plus que partout dans le monde où une transition s'est imposée, il est rare que les dirigeants du pouvoir transitoire se présentent aux échéances électorales qu'ils auraient eux-mêmes organisées par respect des valeurs démocratiques et par souci d'apaisement. Madagascar a connu cet épisode avec feu Guy Willy Razanamasy en 1991, mais visiblement n'en a pas retenu la leçon. Aussi, force est de constater que la gestion du pays menée par le pouvoir actuel ne prête confiance en la capacité de Andry Rajoelina de le diriger. Affairisme, conflits d'intérêts, enrichissement illégal, telles sont les pratiques des proches du pouvoir. Un pouvoir qui tend à reproduire ce qu'il a reproché à son prédécesseur avec les oppresssions arbitraires et les entorses à la démocratie. Et au milieu de tout ça, le peuple baigne dans la paupérisation et se retrouve livré à lui-même à l'insécurité. Une insécurité sans précédent face à laquelle le pouvoir semble désarmé. Il est vrai que ce n'est qu'un pouvoir de transition avec un gouvernement de consensus censé expédier les affaires courantes mais en trois ans, l'on a pu mesurer l'étendue de Andry Rajoelina à réellement gouverner. Est-ce la solution appropriée aujourd'hui pour Madagascar et son avenir? Avec toute objectivité, comme Marc Ravalomanana, non!

Madagascar est un pays de diversités. Il représente une richesse intellectuelle et culturelle importante. Le peuple malgache ne peut et ne doit focaliser son espérance sur ces deux personnalités, ce serait une perte de temps et le temps, le pays en a déjà perdu avec cette crise. Les forces vives possèdent les capacités et les ressources nécessaires pour redresser politiquement le pays, la communauté internationale en a bien conscience. Aujourd'hui, elle compte bien puiser la solution sur cette voie et ce n'est pas bien mal car Madagascar a besoin de toutes ses forces vives.

EDDY RABE

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