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Monjangaia

Monjangaia

C'est un blog d'informations et d'analyses sur l'actualité internationale en général, et, malgache, en particulier.

Publié le par Eddy Rabe

A ce jour, tout semble réuni pour que les élections soient organisées. Les obstacles ont été levés, les dates ont été fixées et certaines modalités, comme les démissions des personnalités à hautes responsabilités s'étant portées candidates, ont été entérinées. Il ne reste plus donc que l'aspect technique à assurer pour aller jusqu'au bout du processus électoral menant vers la fin de la transition ou même de la crise. Mais pas que. Sur le domaine de la politique, les "anti-élections", notamment du camp des exclus de la liste des candidats, le temps est à la mobilisation. La mouvance Ravalomanana en tête, ceux-ci jurent dur comme fer de tout faire pour empêcher la tenue des élections. Les leaders de la mouvance Ravalomanana, précisément, se sont réunis la semaine dernière en Afrique du Sud auprès de leur chef pour déterminer la stratégie à adopter face à la situation actuelle. Situation qui, il faut le reconnaître, ne leur est pas du tout favorable; tendant même à éclipser Marc Ravalomanana sur le champ politique malgache pendant un moment,une fois ces élections terminées. Mais les manœuvres en tous genres ne proviennent pas uniquement de la mouvance de l'ex-président. Des tractations, alliances de circonstances et manœuvres dilatoires se forment dans l'ombre dans le but de faire reporter les échéances électorales. Les tergiversations sur les remplacements des ministres-candidats démissionnaires en sont le parfait exemple. Sans oublier les actes de déstabilisation en tous genres comme les attentats à la bombe artisanale perpétrés à Antananarivo tout le long de la semaine dernière. Il faut aussi souligner que la position du président de la Transition reste floue bien qu'il ait déclaré publiquement sa volonté de céder le pouvoir, une fois les élections terminées. En effet, il fait partie de ceux qui ne sont pas très enthousiastes à l'idée de voir la fin de la transition, malgré le fait qu'il ait déjà placé plusieurs poulains, dont Hery Rajaonarimampianina (ex-ministre des finances), à la course à la présidentielle. La classe politique dans sa grande majorité, surtout, celle qui tire des avantages inimaginables dans cette transition traîne des pieds pour tourner cette page de crise, fondement du régime de Transition qui dure déjà presque un quinquennat.

Taux de participation déterminant

A moins de 2 mois du scrutin de la présentielle (25 octobre 2013), les avis sont partagés auprès de l'opinion publique sur la tenue des élections. Il faut dire que les Malgaches ont été tellement habitués à des soubresauts politiques ou à des revirements en tous genres ayant, auparavant, fait reculer à 2 fois les élections, que le pessimisme prime. Techniquement, il est vrai, le temps est très limité sans compter la saison des pluies pendant laquelle va se dérouler le scrutin du second tour de la présidentielle et celui des législatives. D'autant que l'utilisation du bulletin unique accentue un peu plus les interrogations sur le temps imparti. Ce procédé, instauré pour la première fois à une élection à Madagascar, nécessite une vulgarisation massive pour mieux sensibiliser les électeurs à faire connaître leurs choix. Mais, du côté de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENIT), l'optimisme est de mise. Sa présidente, Attalah Béatrice, rassure. L'impression des bulletins uniques sera assurée dans les temps en Afrique du Sud et que techniquement, le calendrier sera bien respecté. C'est tout le mal qu'on lui souhaite car l'enjeu qui repose sur cette institution est énorme. La crédibilité des élections dépend avant tout de l'aspect technique de l'organisation. Sur le plan politique également, le rôle de la CENIT sera crucial. Saura-t-elle mobiliser les électeurs? C'est la grande question où repose justement l'enjeu des élections. Car, en face, les "anti-élections" misent sur le taux de participation pour dénoncer le scrutin. Pour l'équipe de Attalah Béatrice, le taux de participation sera donc déterminant. S'il est élevé, alors on pourra parler d'une élection réussie; en revanche, en cas de faible mobilisation des électeurs, ce sera le désaveu. Un désaveu surtout pour la communauté internationale et les partisans des élections, mais qui donne raison aux trois mouvances écartées de ce scrutin. Et au vu du "double jeu" pratiqué par le pouvoir et en particulier par son chef, Andry Rajoelina, lui-même écarté de la présidentielle, la tâche de la CENIT s'avère complexe. Et l'ambiguïté du statut de sa présidente en ayant été nommée par le président de la Transition et en ayant occupé un poste très avantageux au sein du Ministère des Finances, dirigé à l'époque par Hery Rajaonarimampianina lui aussi candidat à la présidentielle, n'arrange pas la situation. A la CENIT et à sa présidente de faire valoir donc sa neutralité et sa crédibilité pour une élection transparente et juste.

A la communauté internationale de prendre ses responsabilités

Aussi le scepticisme ambiant résulte également des circonstances politiques. La division de la classe politique malgache sur la question et la main-mise de la communauté internationale entament la légitimité de la tenue des élections. Mais, doit-on accabler de reproches à la communauté internationale de vouloir mettre fin à 04 années de transition? Les nationalistes et les défenseurs de la souveraineté nationale crient au scandale sur l'ingérence de celle-ci. Certes, mais à une époque où Madagascar est plongé dans une extrême pauvreté, à une période où le trésor public n'arrive plus à combler le déficit budgétaire, peut-on s'évertuer à se passer de la communauté internationale et sombrer dans des discours démagogiques et politiciens; ça relève de l'irrationnel. Politiquement parlant, à l'heure actuelle, les élections ne constituent pas la solution absolue à la crise mais au moins elles permettront de mettre fin à cette longue transition. Elles permettront de faire cesser ce pillage des richesses naturelles qui ne dit pas son nom, et enfin, elles permettront d'enrayer l'insécurité galopante qui couvre tout le territoire. La crise, elle, ne sera pas résolue d'un coup de baguette par l'expression des urnes mais la voie des élections marquera une étape importante vers sa résolution. Maintenant, il appartient également à la communauté internationale de prendre ses responsabilités. Si tant est sa volonté de vraiment se préoccuper des intérêts du peuple malgache, elle doit se mobiliser pour que le vote et le choix des Malgaches soient exprimés dans de meilleures conditions. Il y va aussi de sa crédibilité qui est loin d'être reluisante dans la gestion de cette crise malgache. Loin s'en faut.

Eddy RABE

Opérateurs de saisie informatique des listes électorales sous l'autorité de la CENIT. La crédibilité des élections dépend beaucoup de l'aspect technique de l'organisation.

Opérateurs de saisie informatique des listes électorales sous l'autorité de la CENIT. La crédibilité des élections dépend beaucoup de l'aspect technique de l'organisation.

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