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Monjangaia

Monjangaia

C'est un blog d'informations et d'analyses sur l'actualité internationale en général, et, malgache, en particulier.

Publié le

Jeudi 18 avril 2013, l'ancien Président de la République de Madagascar, Didier Ignace Ratsiraka, foule pour la deuxième fois le sol malgache depuis qu'il a été chassé du pouvoir en 2002. En empruntant une ligne régulière de la compagnie aérienne malgache, il compte rentrer définitivement au pays et renoncer à son asile parisien de Neuilly-sur-Seine. Un retour, certes, légitime mais qui est loin d'être anodin politiquement. La même journée en effet, à Ivato, non loin de l'aéroport, le FFKM ou le Conseil œcuménique des Eglises chrétiennes ouvre un sommet sur la réconciliation nationale à Madagascar afin de trouver, sur l'entente de tous les acteurs de la politique malgache, les solutions durables et pérennes sur les crises cycliques politiques dans le pays. Un sommet auquel, bien évidemment, a tenu à participer Didier Ratsiraka et où l'on a vu d'ailleurs tous les chefs des institutions du pouvoir actuel à commencer par son président, Andry Rajoelina, toutes les mouvances impliquées dans le processus de résolution de la crise actuelle ainsi que les représentants de divers partis politiques existants. Très vite pourtant, ce sommet s'est constitué en un vrai écueil sur le processus déjà lancé par la communauté internationale, à savoir, les élections présidentielle et législatives prévues en juillet et septembre prochain. Le sommet ayant, dès sa réunion préliminaire, défini une nouvelle transition du pays avec un nouveau gouvernement composé de techniciens et un report du calendrier électoral en organisant en premier lieu un référendum constitutionnel. Bref, une nouvelle donne sur l'échiquier politique malgache qui est nécessaire, selon les partisans de ce sommet, pour fédérer le peuple et le politique dans un projet de réconciliation effective et inclusive avant toute échéance électorale, qui ne pourrait qu'aboutir à une crise. Mais cette donne ne recueille pas pour l'instant l'unanimité,  que ce soit chez les politiciens ou encore au sein de la population, avant même l'annonce officielle des résolutions recueillies à travers tout le pays et les 35 démembrements régionaux du FFKM. Le suspense mais surtout les appréhensions s'emparent des observateurs à un peu plus de 2 mois du scrutin de la présidentielle. Madagascar est entre le chaos et la délivrance.

Entre Didier Ratsiraka et le FFKM, l'entente n'était pas souvent au beau fixe. Par deux fois en effet, le Conseil œcuménique des Eglises chrétiennes a joué un rôle prépondérant dans la chute de l'Amiral. C'était en 1991 et en 2002. Aujourd'hui, l'ancien président et l'institution religieuse croisent leur destin pour essayer d'apporter des solutions pérennes aux crises récurrentes et post-électorales de Madagascar. A son premier retour d'exil en novembre 2011, Didier Ratsiraka a déjà insufflé cette idée de concertation entre Malgaches pour une réconciliation durable. Une idée pleine de bon sens en effet car au vu de la résolution de la crise, elle constitue une alternative incontournable. La feuille de route imposée par la communauté internationale peine à apaiser les tensions malgré la mise en place des institutions au sein desquelles siègent les différentes mouvances ou encore l'organisation imminente des élections. Cette voie proposée par l'Amiral est donc aujourd'hui reprise par le FFKM. Belle initiative et coïncidence bienheureuse dira-t-on, mais le timing n'est pas bon. A deux mois du scrutin du premier tour de la présidentielle, il serait inapproprié de chambouler le calendrier électoral, qui aux yeux de l'opinion mais surtout de la communauté internationale, constitue la seule issue pour sortir le pays de la crise. Le FFKM a trop tardé à réagir et il s' est étonnamment enfermé dans un mutisme inhabituel au plus fort moment de la résolution de cette crise. Mais il serait trop réducteur de penser que le FFKM s'est précipité dans cette démarche du jour au lendemain pris par un éventuel examen de conscience. Le moment aurait peut-être été choisi pour coïncider justement aux élections dans le but de dénoncer et de repousser celles-ci qui, étant imposées par la communauté internationale, ne constituent pas comme la solution durable à la crise aux yeux des partisans de l'actuelle réconciliation nationale. La candidature de Ratsiraka à l'élection présidentielle indique également une stratégie politique bien tissée derrière la réconciliation nationale afin de refonder la transition avec une redistribution des cates pour une concertation malgacho-malgache au détriment des impositions de la communauté internationale et de sa feuille de route. Comment en effet écarter la candidature de Didier Ratsiraka ou de Lalao Ravalomanana, eux qui ne remplissent pas l'une des principales conditions de candidature, sans semer le trouble dans le pays? Dans le cas contraire, comment accepter des élections qui ont manifestement enfreint la loi bien avant le scrutin? Un vrai casse-tête pour les magistrats de la Cour Électorale Spéciale (CES) qui font plus face à un dilemme politique que juridique.

Compromis pour deux pensées qui s' affrontent

Quoi qu'il en soit, la réconciliation nationale est nécessaire. Au vu de ce que le pays a traversé comme crise politique depuis 2002, elle est même fondamentale. Marc Ravalomanana a failli à son devoir lorsqu'il a accédé au pouvoir en 2002 en l'ignorant, malgré les insistances de l'opposition de l'époque menée par Zafy Albert. On sait ce qui est advenu de son pouvoir sept années après. Même avec une organisation parfaite, les élections à venir ne semblent pas donner toutes les garanties pour un apaisement durable de la vie politique malgache. Le risque d'une nouvelle tension semble même réel. Toutefois, pour la communauté internationale et une partie de l'opinion, il n'est pas question de remettre en cause le processus de résolution de crise déjà entamé avec, notamment, le report des élections et l'instauration d'une nouvelle transition. L'élan apporté par ce processus pour la sortie de crise ne peut, en effet, être négligé et n'est surout pas négligeable. Il faut faire sortir Madagascar de cette situation au plus vite, l'actuelle transition a trop duré avec les conséquences néfastes qu'elle a entraînées sur la vie quotidienne de la population. Une population qui ne saurait d'ailleurs comprendre sa prolongation, pour elle qui vit dans le dur depuis maintenant quatre ans sous cette transition. Il convient donc, dans l'intérêt supérieur de la Nation, de parvenir à un compromis pour les deux pensées politiques qui s' affrontent déjà et qui vont encore se confronter dans les jours et semaines à venir, sur le maintien ou le report des élections. L'une et l'autre se rapproche de cet intérêt mais il convient maintenant de retrouver l'apaisement sans renier les acquis de la sortie de crise déjà entrepris avec la communauté internationale. La fin de cette semaine marquera un tournant crucial sur l'avenir politique de Madagascar, avec notamment, la publication le 03 mai par la CES de la liste officielle des candidats à la présidentielle; et, la synthèse des résolutions sur la concertation pour la réconciliation nationale initiée par le FFKM du 04 au 06 mai dans la Capitale, Anatananarivo.

Eddy Rabe

L'Amiral Didier Ignace Ratsiraka. A deux fois renversé du pouvoir par des mouvements auxquels le FFKM a joué un rôle prépondérant, Didier Ratsiraka marche aujourd'hui main dans la main avec l'institution religieuse pour la concertation malgacho-malgache sur la réconciliation nationale. Une concertation qui risque de remettre en cause l'élection présidentielle à laquelle l'Amiral s'est porté candidat.

L'Amiral Didier Ignace Ratsiraka. A deux fois renversé du pouvoir par des mouvements auxquels le FFKM a joué un rôle prépondérant, Didier Ratsiraka marche aujourd'hui main dans la main avec l'institution religieuse pour la concertation malgacho-malgache sur la réconciliation nationale. Une concertation qui risque de remettre en cause l'élection présidentielle à laquelle l'Amiral s'est porté candidat.

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V
sa soif de pouvoir est débordante au lieu de défendre son statut de sage il court encore une fois après le pouvoir au lieu de laisser la perche aux jeunes au contraire il déballe publiquement ses contentieux avec ses lieutenants en effet il n'est pas venu pour une solution de reconciliation mais pour remuer les plaies il y a un mot pour le qualifier un idiot
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A
Où mènera encore cette manœuvre politique? Didier Ratsiraka devrait plutôt agir comme un sage et laisser le pouvoir aux jeunes. Par leurs soifs de pouvoir, les hommes et femmes politiques malgaches, comme tous les politiciens Africains ne pensent qu'à eux et pas à leur Patrie et le au Peuple qui souffre de leurs soif de pouvoir.
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