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Monjangaia

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C'est un blog d'informations et d'analyses sur l'actualité internationale en général, et, malgache, en particulier.

Publié le par Eddy Rabe
Liberté de la Presse: encore de vains mots à Madagascar.

Comme c'est une nouvelle version du blog, je vous retranscris ici certains articles publiés sur l'ancienne version. Celui, ci-après, a été publié le 03 mai 2012. Bonne lecture!

Aujourd'hui 03 mai, journée mondiale de la liberté de la presse, l'occasion m'est donnée pour adresser toute ma solidarité, mes encouragements, mon admiration et toute ma reconnaissance envers tous les journalistes du monde entier. Mes amis, vous exercez un noble métier; un métier difficile qui requiert beaucoup de qualités, autant intellectuelles que physiques. Vous êtes des milliers, de par le monde, à faire preuve de courage et d'abnégation à braver les pressions de toutes sortes et les dangers des terrains d'investigation. Grâce à votre force mentale, vous faites partie des principaux acteurs à faire bouger le monde et à dénoncer les injustices de toutes sortes. Sachez avant tout que vous n'êtes pas seuls et vos efforts pour informer et pour faire, à tout prix, ressurgir une vérité et une justice ne seront jamais vains. Par ailleurs, je m'incline devant la mémoire de tous ceux qui ont perdu leur vie pour avoir servi la presse et sa liberté. A leurs proches et à leurs familles, j'adresse ma compassion et je partage leurs peines. Mes pensées vont également à l'endroit de tous les journalistes quels qu'ils soient, où qu'ils soient, qui, n'ayant comme crime que d'exercer son métier, sont victimes d'emprisonnement, de captivité ou d'oppression.

J'adresse tout particulièrement ma solidarité et mes encouragements envers les journalistes de Madagascar. Madagascar, un pays où, jadis, j'ai servi le journalisme. Je ne suis plus, hélas, titulaire d'une carte de presse mais je n'ai cessé de porter un regard attentif et intéressé sur la liberté de la presse et la vie médiatique malgache. Il ne faut pas oublier que la liberté de la presse à Madagascar a été obtenue au prix de grands sacrifices et de lourds tributs constituant, de ce fait, un acquis précieux qui doit être jalousement protégé.

Hélas, mille fois hélas, elle reste encore aujourd'hui de vains mots. Ironie du sort ou simple coïncidence, j'ai appris ce matin la mise en examen de deux journalistes (à qui, d'ailleurs, j'adresse mon soutien et ma solidarité) appartenant à la radio Free FM suite à la plainte d'un opérateur économique proche du pouvoir, cité par lesdits journalistes, comme impliqué dans un trafic de bois de rose. Il est tout à fait normal et c'est dans les droits les plus absolus de cet opérateur économique de porter plainte s'il estime que ses droits sont bafoués. Les journalistes sont d'ailleurs régis par la déontologie et peuvent être passibles de sanctions prévues par le Code civil. Mais, mettre en garde à vue de 48 heures à 23 heures du soir 2 journalistes parce qu'ils ont, soi-disant, diffusé de fausses informations, relève, je trouve, d'une mesure coercitive et d'une entorse à la démocratie et à la liberté de la presse. La justice est là pour mener des enquêtes et trancher en son âme et indépendance. Et au cas où les informations sont prouvées fausses ou inexactes, il lui appartiendra d'enjoindre aux journalistes de réparer le préjudice subi par le plaignant. Tenez, par exemple, en ce moment, la justice française a ouvert une enquête suite à une plainte déposée par Nicolas Sarkozy sur le financement de sa campagne en 2007 par le pouvoir de Mouammar Kadhafi dévoilé par le site Médiapart. A ma connaissance, aucun journaliste n'a été inquiété pour détention ou emprisonnement sur cette affaire. On devrait peut-être s'en inspirer.

Je tiens à m'adresser à Monsieur Le Ministre de la Communication, à mon ami Rolly Mercia. Cet ami qui s'est toujours rebellé contre toutes les formes d'injustice dans le monde de la presse malgache. Cet homme que j'ai tant admiré pour sa force de caractère et qui a consacré sa carrière de journaliste dans la défense du métier et la liberté de la presse malgache. Je tiens donc à rappeler à cet ami ses engagements quand il a pris les rênes du ministère. Il s'est notamment engagé à garantir la liberté totale de la presse, à veiller à ce qu'aucun journaliste malgache n'encoure des sanctions pénales. Aujourd'hui, mon ami, je m'aperçois, malheureusement, que vous vous êtes un peu égaré de ces engagements. Mais je n'ai aucun doute sur vos convictions sur la liberté de la presse et je ne pense pas, pour autant, qu'elles ont été entamées par vos fonctions politiques. Ces fonctions politiques tentent tout juste de vous entraîner dans ses travers; mais, j'ose imaginer que vous êtes assez trempé pour ne pas tomber dans ce piège. Je tiens tout simplement à vous rappeler votre vocation première. Elle se sent en danger et a besoin de vous pour la protéger.

EDDY RABE

Liberté de la Presse: encore de vains mots à Madagascar.
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