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Monjangaia

Monjangaia

C'est un blog d'informations et d'analyses sur l'actualité internationale en général, et, malgache, en particulier.

Publié le par Eddy Rabe
Image surréaliste à la gare routière d'Andohotapenaka le 07 avril dernier. Elle montre la marée humaine qui s'est déferlée sur les lieux tentant de rejoindre les régions après la levée de l'interdiction de circuler décidée par le pouvoir; le tout, sans aucun respect des mesures barrières, sans masques pour beaucoup, en pleine crise de l'épidémie du coronavirus et dans une ville censée observer le confinement.

Image surréaliste à la gare routière d'Andohotapenaka le 07 avril dernier. Elle montre la marée humaine qui s'est déferlée sur les lieux tentant de rejoindre les régions après la levée de l'interdiction de circuler décidée par le pouvoir; le tout, sans aucun respect des mesures barrières, sans masques pour beaucoup, en pleine crise de l'épidémie du coronavirus et dans une ville censée observer le confinement.

Près de 60 véhicules de type mini-bus sont entrés sur Majunga hier 07 avril en soirée. En temps normal, cela n'aurait rien de surprenant surtout à l'approche du week-end de Pâques, période pendant laquelle la ville reste très prisée des touristes. Sauf que nous ne sommes pas en temps normal et que le contexte de l'afflux de ces véhicules transportant des milliers de personnes, pour la plupart en provenance d'Antananarivo, prête à une vive polémique. Pour situer le contexte, face à la lutte contre le coronavirus Covid-19, Antananarivo, Tamatave et Fianarantsoa, villes où l'on a dépisté des cas positifs de coronavirus jusqu'ici à Madagascar, ont été mises en situation de confinement. Pour prévenir également à de probables propagations du virus dans les autres villes et régions, les autorités ont fermé les axes routiers et les routes nationales reliant ces villes en confinement. Un dispositif qui a, jusqu'à présent, porté ses fruits puisqu'aucun cas n'a été signalé dans les autres grandes villes de Madagascar. Pourtant, dimanche soir, lors de son intervention quotidienne à la nation, le président de la République a annoncé la levée sur 3 jours, du 07 au 09 avril à 11H00, du dispositif afin de permettre aux personnes vivant temporairement dans la capitale de rejoindre leurs régions d'origine. A y voir de près, la décision semble juste car ces personnes ne disposent pas d'attache fixe à Antananarivo et dépendent, comme les étudiants issus des provinces, de leurs familles ou de leurs sources de revenus en régions. Mais son application interpelle.

Non respect des mesures barrières

D'abord, sur la chronologie: pourquoi a-t-on attendu 15 jours de confinement dans ces villes pour enfin prendre cette décision? N'aurait-il pas fallu demander à ces gens de quitter la capitale dès le début du confinement? Le hic porte au fait que ces gens qui vont rentrer en régions sont tous de potentiels cas contact. Aussi, dans les grandes villes comme Majunga où aucun cas n'a encore été décelé, des dispositions ont été déjà prises pour protéger la population et cela a bien fonctionné jusque là. Aujourd'hui, rien n'est sûr avec l'afflux de ces milliers de personnes porteuses saines ou cas contact.

Ensuite, il est vrai que ces personnes doivent rentrer dans leurs régions respectives mais a-t-on anticipé, au niveau du pouvoir, la gestion de ces déplacements massifs en ce laps de temps si court? A priori, non! Dès le 07 au matin des milliers de personnes se sont amassées à la gare routière d'Andohatapenaka pour s'approprier l'autorisation de circuler. Prévues pour deux mille personnes, ces autorisations ont vite été épuisées à tel point que les autorités ont rapidement arrêté la procédure. Sans compter que dans cette cohue, les mesures barrières n'ont pas du tout été respectées. Les gens se collaient les uns aux autres; beaucoup ne portaient pas de masques. En constatant les situations dans les gares routières, la transmission du virus se serait fortement développée et ces personnes censées se déplacer en régions pourraient par la suite le faire disperser, mais cette fois-ci dans tout Madagascar.

Contrepieds du pouvoir central

Enfin, là où le bât blesse, c'est que les autorités locales, en l'occurrence le conseil municipal de la commune urbaine, pour ne citer, entre autres, que cette assemblée, en concertation avec le CCO - Covid-19 local (Centre de Commandement Opérationnel pour la lutte contre le Covid-19) a pris ses responsabilités dès le 06 avril en décidant de mettre en quarantaine pour une durée de 15 jours tous les passagers en provenance d'Antananarivo avec un suivi de leur état de santé avant de les laisser se fondre dans la société. Seulement, le pouvoir central a pris à contrepieds cette décision en interdisant la mise en quarantaine; et ce, sur tout le territoire national et pas qu'à Majunga. Ainsi, le mystère demeure, l'inquiétude des populations est grandissante, les colères grondent et les critiques fusent n'épargnant pas l'Exécutif. Ces passagers ne sont soumis qu'à un simple contrôle de température et de prise de coordonnées aux barrages sanitaires à l'entrée des villes tandis que ceux qui ont pris l'avion doivent se soumettre à un test. Ce qui a encore fait enfler la polémique pointant du doigt un traitement à deux vitesses sur des classes sociales de la population. Croisons plutôt les doigts pour que ces décisions à controverse n'aboutissent pas à une catastrophe tant redoutée. 

Pourtant, jusqu'ici, Andry Rajoelina et son gouvernement semblaient maîtriser la situation face à cette épidémie même si l'application des mesures prises, adéquates ou pas, laisse toujours à désirer, comme l'illustrent les confinements laxistes à Antananarivo ou à Tamatave. L'inexistence de décès liés à la maladie dans le pays, a, pour le moment, réconforté les gouvernants dans sa manière de gérer la crise et a rassuré les Malgaches sur la menace qui pèse face à cette pandémie. Cependant, la donne a peu à peu changé depuis la levée de l'interdiction de circuler. La fébrilité commence à gagner les populations, surtout en provinces et le pouvoir semble dépassé par les événements de ces 48 dernières heures. D'aucuns se mettent même à imaginer les pires scenarii accusant ce pouvoir de favoriser la propagation du virus afin de bénéficier des fonds de l'étranger. Une hypothèse complotiste qu'on ne peut cependant oser croire.  En attendant, dans les prochains jours, la résilience des Malgaches sera mise à l'épreuve et il appartient désormais à ceux qui se sont déplacés de recourir à la sagesse et à la solidarité pour s'appliquer un confinement total. Il y va de la vie de la nation. 

 

Eddy Rabe

 

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Publié le par Eddy Rabe
Pape Diouf, de son vrai nom, Mababa Diouf, emblématique président de l'Olympique de Marseille entre 2004 et 2009, est décédé le 31 mars 2020 à Dakar des suites du Covid-19 à l'âge de 68 ans.

Pape Diouf, de son vrai nom, Mababa Diouf, emblématique président de l'Olympique de Marseille entre 2004 et 2009, est décédé le 31 mars 2020 à Dakar des suites du Covid-19 à l'âge de 68 ans.

 

Le choc était violent. Sonné lorsque la nouvelle était tombée, je n’arrivais pas à croire ce que je lisais de mes propres yeux sur l’annonce du décès de Pape Diouf. Mais sommes-nous  toujours capables de nier la réalité face au ravage de ce virus qui est en cours d’ébranler le monde et de faire vaciller l’ordre mondial?  Hélas, oui, le Covid-19 a emporté Pape Diouf ce 31 mars au soir sur les terres de ses ancêtres à Dakar au Sénégal. Hélas, « notre Pape est mort » comme l’a si bien illustré le quotidien « L’Equipe »    à sa Une du jour (01/04/2020). Les mots manquent pour décrire la profonde tristesse qui m’envahit depuis hier soir en apprenant la disparition de ce Monsieur. Pape Diouf a laissé orpheline la grande famille de l’Olympique de Marseille dont je fais partie en tant que fervent supporter.   La ville de Marseille pleure une de ses illustres personnalités, le football français a perdu une de ses grandes figures de ces vingt dernières années.

 

Arrivé à Marseille au début des années 70, ce fils de militaire sénégalais de l’armée coloniale française gravit petit à petit les échelons de la classe sociale en accumulant tout d’abord les petits boulots puis en reprenant les études à l’IEP (Institut d’Etudes Politiques) d’Aix-en-Provence avant de devenir tour à tour journaliste, agent de joueurs et enfin président de l’Olympique de Marseille. L’OM, il le porta dans son coeur depuis toujours, avant même d’en devenir le président de 2004 à 2009. Nul doute que sa passion pour ce club l’avait transcendé à tel point d’en devenir l’un des meilleurs présidents avec Bernard Tapie. Cet épisode de la vie de l’OM avec Pape Diouf à sa tête, les supporters lui en seront toujours reconnaissants.

 

Alors que le club naviguait à vue dans un marasme total et perdait au fil du temps son aura sur le football français, Robert Louis-Dreyfus, l'actionnaire principal, chargea Pape Diouf de diriger le club sans vraiment lui en donner de réels moyens. C’est sans compter l’intelligence et la perspicacité de Pape, qui, entouré d’hommes forts et de confiance, sut relever le club. Et même s’il ne fut pas récompensé par l’obtention de titres durant sa présidence, le club fut remis à flots financièrement, joua les premiers rôles dans le championnat et participa régulièrement à la prestigieuse Ligue des Champions.  En bons connaisseurs, les supporters ne lui en tinrent pas rigueur, bien au contraire. Lorsqu’il dut céder les rênes du club à cause de certains proches de Robert Louis-Dreyfus, les groupes de supporters ne l’ont jamais oublié et beaucoup ont même caressé le doux rêve de le voir revenir aux responsabilités dans leur club de coeur. Aujourd’hui, plus que jamais, ils le regrettent car il s’en est allé, un peu tôt, sans aucun doute.

 

On ne le dira jamais assez. Pape Diouf fut un homme intelligent, plein de bon sens, avisé et attentionné. Que ce soit dans ses écrits ou dans son langage, il mania la langue de Molière avec noblesse et subtilité. Une langue qu’il appréciait et pour laquelle il donnait une importance très particulière dans le choix des mots. L’écouter s’exprimer quel qu’en soit le domaine, éclectique qu’il fut, suscitait toujours l’attention et l’admiration. Fier et dopé d’une bonne dose de confiance en soi, Pape Diouf symbolisait, de par son parcours, la réussite d’un enfant de la diversité à qui tout n’a pas été offert sur un plateau d’argent mais que seuls le travail et la persévérance paient. Ayant été le premier Noir à devenir président d’un grand club d’un grand championnat européen récompensait justement ces valeurs tout en étant à ce jour une source d’inspiration pour bon nombre de jeunes de la diversité et d’Afrique.

 

Mais Pape Diouf, ce fut aussi un homme avec ses défauts et ses qualités; sauf que tous ceux qui ont eu le privilège de le connaître gardent aujourd’hui les souvenirs d’un homme bon, sage, et serviable. Il a toujours été là pour les autres, toujours là à prodiguer les bons conseils endossant tantôt le rôle de père, de grand-frère, d’ami avant même d’être un agent, un métier qui lui avait permis de propulser beaucoup de footballeurs à des carrières florissantes. Une réussite qui était fondée surtout sur des principes de confiance; pour lui, une parole donnée valait plus que les écrits. Tous, supporters, anonymes, les clubs de Ligue 1 même les rivaux de l’OM, hommes politiques, tous saluent aujourd’hui, d’une voix unanime, la mémoire d’un homme respectable et respecté, comme l’a qualifié Jean-Michel Aulas, président de l’Olympique Lyonnais. Le président de l’OL a été dithyrambique à son encontre et s’est dit même très attristé de son décès en affirmant aussi que leur relation était devenue presque amicale au fil du temps. Pourtant, la rivalité entre les deux clubs était rythmée par des passes d'armes mémorables entre les deux hommes dans les années 2000; de bonne guerre, chacun voulant défendre les intérêts de son club.  

 

Le coronavirus nous l’a brusquement arraché mais Pape Diouf restera à jamais dans nos coeurs. A sa famille, nous tenons à présenter nos sincères condoléances et à lui témoigner notre soutien le plus total pour traverser cette terrible épreuve. Nous compatissons à sa douleur.

 

A jamais Olympien!

 

Repose en paix Pape!

 

Eddy Rabe

 

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