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Monjangaia

Monjangaia

C'est un blog d'informations et d'analyses sur l'actualité internationale en général, et, malgache, en particulier.

Publié le par Eddy Rabe
Andriatomanga Mokhtar Salim, le nouvel homme fort de la région Boeny et désormais ancien Maire de la ville de Majunga, a été nommé gouverneur de ladite région et devient dorénavant un élément essentiel dans l'application de la politique de développement souhaitée par le président de la République reposant sur les colléctivités décentralisées.

Andriatomanga Mokhtar Salim, le nouvel homme fort de la région Boeny et désormais ancien Maire de la ville de Majunga, a été nommé gouverneur de ladite région et devient dorénavant un élément essentiel dans l'application de la politique de développement souhaitée par le président de la République reposant sur les colléctivités décentralisées.

Lors du conseil des ministres en date du 23 juillet 2020, le Président de la République, sur proposition du ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation, a nommé le Gouverneur de la région Boeny, en la personne d'Andriatomanga Mokhtrar Salim, le maire de la Commune urbaine de Majunga. Cette désignation, tant attendue et espérée par l'opinion majungaise, a lieu un an et cinq mois après l'abrogation collective des nominations des vingt-deux Chefs de région, soit le 20 février 2019.

Pour la plupart des observateurs, la nomination du désormais ex-maire de Majunga au poste de gouverneur de région répond parfaitement aux attentes du Chef de l'Etat, surtout en cette période cruciale que traverse le pays. En effet, le nouveau gouverneur fait partie d'un des fidèles de Andry Rajoelina. Il a toujours démontré durant son premier mandat, contre vents et marées, son soutien indéfectible à l'actuel locataire du Palais de Iavoloha. Après avoir brigué un premier mandat en 2015 sous la bannière du Mapar et réélu maire de la Commune urbaine de Majunga en 2019 sous les couleurs de la plateforme IRD, Mokhtar Salim n'est pas un amateur en politique. Ce qui lui a valu la confiance du président de la République, lequel n'a pas manqué de souligner l'importance de la nomination de son poulain lors de la cérémonie de passation de service dans la Cité des fleurs. De par son expérience et ses compétences dans le domaine de la gestion et du management en administration de collectivité, Andry Rajoelina n'a pas hésité à lui confier la lourde tâche de gérer la région Boeny. Une gestion à travers laquelle le gouverneur va mettre en oeuvre la politique de développement initiée par le Chef de l'Etat. A cet effet, la région Boeny, comme les autres régions de Madagascar, sera dotée d'engins pour la construction et la réfection de routes - 10 km en pavé pour cette année - et d'infrastructures dont la répartition à travers la région sera laissée à l'appréciation du gouverneur avec l'assistance des maires et des députés. Bon nombre d'infrastructures publiques (salles de classe, marchés, etc...) seront à construire dans la région en fonction de la priorité de chaque collectivité de base. 

Nouvelle élection dans les 120 jours

Par ailleurs, la plupart des Majungais se posent la question sur l'avenir de la Commune urbaine de Majunga; une commune qui a pu constituer une épargne conséquente de 900 millions d'Ariary sous l'ère Mokhtar, selon ses propres dires. Que disent alors les dispositions légales en pareil cas? 

En effet, le mandat d'un maire - qui est un élu - est incompatible avec les fonctions de gouverneur de région. En cas d'espèce, Andriatomanga Mokhtar Salim, désigné gouverneur de la région Boeny, doit démissionner de son poste de maire de la Commune urbaine de Majunga. En conséquence et en vertu des dispositions de la loi n° 2014-020 du 27 septembre 2014 relative aux ressources des collectivités territoriales décentralisées, aux modalités d'élections, ainsi qu'à l'organisation, au fonctionnement et aux attributions de leurs organes, dans le cas de vacance de siège de maire, le représentant de l'Etat auprès de la Commune urbaine de Majunga, en l'occurrence le Préfet de la région Boeny, doit saisir immédiatement et dans les 10 jours au maximum le Tribunal Administratif de Majunga, la juridiction compétente qui doit constater la vacance de poste. Cette juridiction en notifie le ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation, lequel fait procéder à une nouvelle élection dans les 120 jours (soit 4 mois) qui suivent cette notification. Entretemps, l'intérim du poste vacant sera assuré par une délégation spéciale, composée d'un Président et de deux Vice-présidents nommés par arrêté du Ministère de l'intérieur et de la décentralisation. En aucun cas, les membres de ladite délégation spéciale ne peuvent se porter candidat lors de la prochaine élection. En cas de vacance de poste à douze mois de la fin de mandat du maire sortant, aucune élection partielle ne peut avoir lieu.

Délégation spéciale

Dans le présent cas de figure, on s'attend donc d'ici peu à la nomination d'une délégation spéciale à la tête de la Commune urbaine de Majunga, en attendant la prochaine élection partielle vers le mois de novembre ou début décembre de cette année. Cependant, la crise sanitaire dans laquelle notre pays fait face actuellement pourrait compromettre l'organisation de cette élection. En effet, dans la situation qui prévaut, il serait difficilement envisageable pour l'Etat de disposer de moyens financiers et organisationnels nécessaires pour préparer l'élection communale partielle dans de bonnes conditions. De plus, le risque d'abstention massive serait réel car le traumatisme et le spectre du coronavirus pourraient sensiblement dissuader les électeurs à se rendre aux urnes. 

Quoi qu'il en soit, quoi de plus légitime pour les politiciens locaux que d'aborder les enjeux de ce scrutin? Le "TGV" va-t-il conserver son bastion ou l'opposition tirera-t-elle son épingle du jeu pour faire une entrée fracassante dans l'Exécutif de la Commune urbaine de Majunga? Dans un contexte de crise sanitaire et socio-économique, les Majungais sanctionneront-ils la politique de Andry Rajoelina ou s'exprimeront-ils en fonction des enjeux locaux? Ce sont là des enjeux de grande importance que les état-majors politiques de tous bords doivent désormais aborder. Des questions sur lesquelles l'avenir proche nous permettra d'avoir un peu plus de précisions.  

 

EDDY RABE avec SAÏD JAFFAR (Administrateur Civil en Chef, expert en Diplomatie et Relations internationales) 

 

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