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Monjangaia

Monjangaia

C'est un blog d'informations et d'analyses sur l'actualité internationale en général, et, malgache, en particulier.

Publié le par Eddy Rabe

Comme c'est une nouvelle version du blog, je vous retranscris ici certains articles publiés sur l'ancienne version. Celui, ci-après, a été publié le 13 juillet 2011. Bonne lecture!

En accédant au pouvoir en 2002, Marc Ravalomanana avait toutes les cartes en mains pour bâtir un régime fort et stable en allant dans le sens de la volonté du peuple. Pour cela, il aurait dû apaiser la tension politique générée par l'effroyable crise de 2002 qui a mené Madagascar au bord de la guerre civile. Mais, Marc Ravalomanana a choisi de prendre le chemin inverse: les emprisonnements et les intimidations faisaient partie de sa méthode de travail à la tête de l'Etat. Et malgré les appels incessants de l'opposition, notamment de Albert Zafy à l'époque, pour une réconciliation nationale, Marc Ravalomanana est resté intransigeant et a continué de diriger le pays d'une main de fer brisant, dans le sens propre du mot, tout ce qui se mettait en travers de sa marche vers le "développement rapide et durable", son slogan pour faire prospérer le pays mais qui, dans la réalité, a surtout profité à ses intérêts personnels. Au passage, il a également fait voler en éclats le semblant de démocratie qu'il a laissé entrevoir au début de son premier mandat. Au final, son arrogance a excédé, son despotisme a agacé et son enrichissement exponentiel au détriment de la pauvreté grandissante de la population a fini par lui coûter son deuxième mandat. Ainsi, le malaise persistant d'aujourd'hui remonte à 2002. Si le climat politique avait été apaisé depuis l'accession de Ravalomanana au pouvoir, les Malgaches se seraient passés d'une crise et d'une transition qui n'en finit plus. Aujourd'hui, Marc Ravalomanana clame son retour mais s'il se retrouve dans la situation actuelle, il ne pourra s'en prendre qu'à lui-même. Il est le principal responsable de la crise dans laquelle se trouve le pays. En se mettant dans la peau de la victime, il revendique son retour sur la base du fait qu'il ait été chassé du pouvoir par un putsch. Argument relativement faux car il a remis le pouvoir de plein gré à l'Armée suite à des contestations populaires réclamant sa destitution.

Tout ceci pour dire que quand on est chassé du pouvoir par la volonté du peuple, le mieux c'est de prendre du recul et laisser cette volonté du peuple s'exprimer. Marc Ravalomanana est bien placé pour le savoir puisque lui-même a été hissé à la Magistrature suprême en 2002 par des mouvements populaires. Mais, l'attitude de Marc Ravalomanana dans son exil est loin de s'apparenter à vouloir la paix et la sérénité pour les Malgaches. Non seulement, il n'observe pas le droit de réserve, de par son statut d'exilé , ne serait-ce que par respect pour son pays hôte (voir Jeune Afrique n°2634 du 03 juillet 2011), mais aussi, à travers ses déclarations, il entretient de faux espoirs pour ses partisans et les pousse à des actes de déstabilisation contraires aux règles démocratiques et nuisibles à son image. La grandeur d'un homme d'Etat, c'est aussi de se reconnaître et d'accepter de se situer de l'autre côté du pouvoir. Celui qu'il a chassé du pouvoir en 2002 et qui a été contraint de le faire aussi en 1991, Didier Ratsiraka, en sait certainement quelque chose.

En conséquence, seul Marc Ravalomanana détient une partie de la solution à cette crise politique malgache. Se détacher personnellement de toute ambition électorale et céder la place aux autres le sortirait grandi de cet épisode malheureux de l'histoire de Madagascar. Participer pleinement à la vie politique de la Nation en jouant un rôle actif dans une vraie opposition lui offrirait, sans aucun doute, une opportunité pour se retrouver, peut-être un jour, au plus haut sommet de l'Etat. Pour l'instant, cette opportunité ne se prête pas à la situation actuelle. Certes, aujourd'hui Marc Ravalomanana possède encore des capacités- surtout financières- pour remporter la présidentielle; l'électorat malgache étant versatile dans ses choix, surtout par rapport à un candidat puissamment armé financièrement. Mais 2009 est encore très proche et frais dans toutes les têtes, il doit laisser le jeu de l'alternance pour apaiser les tensions. Aussi, dans le même temps, Andry Rajoelina doit, lui aussi, se désister à la course à la présidentielle. Dans ce cas de figure, la solution est équitable et le président de la HAT ne peut, lui aussi, que sortir grandi de la crise.

EDDY RABE

Marc Ravalomanana, se présentant à un bureau de vote du temps où il était Président de la République de Madagascar

Marc Ravalomanana, se présentant à un bureau de vote du temps où il était Président de la République de Madagascar

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