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Monjangaia

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C'est un blog d'informations et d'analyses sur l'actualité internationale en général, et, malgache, en particulier.

Publié le par Eddy Rabe

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Publié le par Eddy Rabe

Quatre morts et des dizaines de blessés. C'est le triste bilan des échauffourées entre les forces de l'ordre et les manifestants de l'opposition survenues à Analakely, à Antananarivo. Les députés de l'opposition élus sous l'étiquette MAPAR, TIM, MMM ou encore Indépendants ont voulu donner rendez-vous aux habitants de la Capitale pour leur faire part des dérives du pouvoir HVM en place suite à l'approbation controversée et entachée de corruption avérée des projets de lois organiques relatives à l'élection présidentielle, aux élections législatives et à l'organisation des référendums par l'Assemblée Nationale. La semaine a été ainsi marquée par une série de défiances entre ces députés déterminés à tenir leur meeting devant l'hôtel de Ville et la Préfecture qui a montré les crocs en annonçant que toute manifestation serait interdite et réprimée. Dès vendredi, en effet, les forces de l'ordre de l'EMMOREG ont déjà quadrillé les alentours de l'hôtel de Ville et d'Anakely. Le samedi, jour de la manifestation, les éléments de l'EEMOREG empêchent les manifestants de rejoindre l'enceinte de l'Hôtel de Ville et essaient de disperser la foule, venue nombreuse à l'appel des députés, à coup de gaz lacrymogènes. Des coups de feu ont même éclaté par endroits d'où les pertes en vies humaines. Mais face à la détermination et au nombre des manifestants, les forces de l'ordre ont vite été dépassées et ont été contraintes de se dérober pour laisser champ libre aux partisans des députés de l'opposition à occuper l'enceinte de l'Hôtel de Ville. La débandade des forces de l'ordre marque l'échec de la Préfecture à empêcher la manifestation et la volonté du peuple à s'exprimer. Elle symbolise surtout l'échec du pouvoir HVM et de son gouvernement dans son duel face à l'opposition. Un échec qui pourrait être lourd de conséquences car désormais, l'opposition réclame purement et simplement la démission du président de la République, Hery Rajaonarimampianina. Lui qui a pris le large la veille des événements vers une destination qui est restée inconnue mais qui interpelle et sujet à divers commentaires sur une éventuelle fuite du chef de l'Etat. 

Lorsque l'on est aux abois, généralement l'on manque souvent de discernement pour appréhender une situation. Le pouvoir HVM à Madagascar l'illustre parfaitement en voyant les événements du samedi 21 avril 2018 à Anaakely, Antananarivo. Cette date risque de devenir un mauvais souvenir pour le pouvoir de Hery Rajaonarimampianina, et d'ores et déjà, s'inscrit dans l'histoire de la jeune et tumultueuse IVème République de Madagascar. Fallait-il interdire la manifestation du 21 avril? Manifestement, la réponse devrait être un non, d'autant que légalement, la volonté des députés de l'opposition de réunir leurs partisans ne souffrent d'aucune contestation. Avec un peu plus de sérénité, le pouvoir aurait peut-être pris cette décision. Mais la sérénité l'a quitté depuis un certain temps; depuis qu'il a été pris la main dans le sac en train de soudoyer les députés de sa majorité et de quelques indépendants dans un grand hôtel de la Capitale afin de faire passer à l'Assemblée Nationale les projets de lois organiques relatives aux élections. La diffusion de la vidéo, devenue virale, montrant ces députés discuter des modalités du partage et du montant de la somme a porté un sérieux coup à la crédibilité du parti présidentiel HVM. Le montant exact du pot-de-vin n'a pas encore été vérifié mais on parle ici de 50 millions d'Ariary par député (près de 13.000 euros). La réaction rageuse de l'opinion publique face à cette corruption avérée a vite été récupérée par l'opposition. D'autant que l'adoption expéditive des lois organiques sans un réel débat parlementaire ni consultation de leurs amendements a vite fait réunir tous les partis de l'opposition dans une sorte de front qui malmène actuellement le pouvoir. Vraisemblablement, la stratégie politique de Hery Rajaonarimampianina a foiré en ce qui concerne ces lois électorales. Elle témoigne visiblement de l'incompétence manifeste de ce pouvoir en matière de politique ou encore les errements flagrants en communication qui caractérisent ce quinquennat. Ces erreurs ont donc abouti à ces scènes de guérilla urbaine aperçue le 21 avril à Antananarivo entre les forces de l'ordre et les manifestants durant lesquelles on a déploré des morts. Il a juste fallu laisser la manifestation se dérouler et laisser le débat traîner sur les lois électorales. Aujourd'hui, le pouvoir a tendu lui-même le bâton pour qu'il se fasse battre. Au vu des événements du 21 avril, l'opposition entend déplacer ce débat et réclame désormais la démission du président de la République, Hery Rajaonarimampianina. On voit mal, en effet, ces députés de l'opposition s'arrêter en si bon chemin et estomper leur élan porté par une foule venue nombreuse répondre à leur appel. En revanche, on ne voit pas comment le pouvoir compte se dépêtrer de ce bourbier sans une décision politique forte. On entend par là une remise en cause sur les lois électorales et un remaniement gouvernemental pour apporter de l'apaisement. L'attitude des dirigeants avant, pendant et après les événements inquiète et ne prête pas non plus à l'optimisme. Une attitude qui justifie assez bien le manque de sérénité sus-cité voire même une peur au ventre caractérisée par une succession de bourdes observées durant ce quinquennat et qui sont surtout marquées par la corruption, l'enrichissement illicite ou les biens mal acquis. Une chose est sûre, les événements du 21 avril ont fait vaciller le pouvoir Rajaonarimampianina. 

Le pouvoir HVM, chantre de la corruption

On apprend toujours du passé, dit-on. A Madagascar, on a du mal à assimiler cet adage. L'espoir porté par l'élection de Hery Rajaonarimampina est vite tombé en désillusions tant le passé a vite rattrapé le pouvoir du HVM... dans le mauvais sens. Entraves à la démocratie, favoritisme pour le parti présidentiel, népotisme, corruption et enrichissement rapide et illicite, le tout saupoudré d'une note d'arrogance, le HVM a repris tous les codes des anciens régimes qui l'ont précédé et qui ont entraîné leurs chutes. Et les événements du 21 avril ont rappelé qu'il n'avait rien appris du passé. L'écart de plus en plus profond entre les dirigeants, les élites et le petit peuple a aussi fait perdre le sens de la réalité et de l'humilité à Hery Rajaonarimampianina et sa bande. Lorsqu'un président de la République d'une nation qui compte 92% de pauvres sur l'ensemble de sa population déclare qu'il faut lui démontrer la pauvreté des Malgaches ou encore que Madagascar n'a jamais été aussi bien gouverné depuis la 1ère République (1972), l'on est en droit de se poser des questions si ce président de la République est en phase avec le quotidien de ses concitoyens. Et il est fort légitime de lui répondre, oui M. le Président, les Malgaches sont de plus en plus pauvres et votre mandat n'a rien arrangé à leur sort, bien au contraire. Au-delà de la question de la compétence qui reste bien en-dessous de toutes les espérances, la corruption a connu une forte recrudescence sous ce régime. Elle a atteint une proportion importante jamais connue au sommet de l'Etat. Le niveau est tel que le pouvoir HVM peut être considéré comme le chantre de la corruption. On pensait avoir tout vu avec l'affaire Claudine Razaiamamonjy, cette conseillère de Hery Rajaonarimampianina, appréhendée sur une place publique puis incarcérée, après une vraie-fausse tentative d'évasion à l'extérieur avec la complicité de l'Etat, suite à une affaire de détournements de deniers publics. L'affaire des députés "achetés" qui a mené à la situation actuelle a ébranlé encore plus ce régime, de par ses pratiques illégales devenues un fonctionnement d'Etat. Il n'est pas étonnant ainsi de voir les dirigeants et les proches du pouvoir s'enrichir d'une manière exponentielle et sentir la grogne et la frustration des couches populaires défavorisées monter de plus en plus. Le pouvoir ne peut s'en prendre qu'à lui-même. Des signaux lui ont été envoyés durant ce quinquennat mais son arrogance l'a enfermé dans un déni total risquant aujourd'hui de le faire chuter. Dans la soirée de samedi, le Premier ministre, Mahafaly Solonandrasana Olivier a appelé au calme et a tendu la main à l'opposition pour un dialogue. Le lendemain, dès son arrivée au pays, son patron lui a emboîté le pas, dans un court discours à la nation, en affichant une fermeté pour ce qu'il a qualifié de fauteurs de troubles et en rappelant que le moment n'est pas propice pour Madagascar de s'enliser dans une crise et un blocage. Il a aussi souligné dans son discours le respect de la démocratie pour une alternance par la voie des urnes. Chronologiquement, beaucoup d'observateurs auraient aimé l'entendre bien plus tôt, au tout début de l'affaire de corruption qui a secoué son régime. Aujourd'hui, son discours portera-t-il un écho auprès de la masse remontée et dépitée face aux difficultés du quotidien? Il est cependant sûr qu'il sonnera creux pour les députés de l'opposition désormais déterminés dans leur nouvelle quête, celle de destituer Hery Rajaonarimampianina. Y parviendront-ils? L'histoire nous le dira. Les jours et les semaines à venir seront déterminants. Mais ce qui est sûr, pour le HVM, l'avertissement est plus que retentissant: il sonne comme un début de la fin. 

 

Eddy Rabe

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