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Monjangaia

Monjangaia

C'est un blog d'informations et d'analyses sur l'actualité internationale en général, et, malgache, en particulier.

Publié le par Eddy Rabe
L'Hôtel de Ville de Majunga, imposante et magnifique oeuvre architecturale post-coloniale de la Première République, en face de laquelle prône un buste du père de l'indépendance Philibert Tsiranana, demeure toujours aujourd'hui le siège de la municipalité de la ville.

L'Hôtel de Ville de Majunga, imposante et magnifique oeuvre architecturale post-coloniale de la Première République, en face de laquelle prône un buste du père de l'indépendance Philibert Tsiranana, demeure toujours aujourd'hui le siège de la municipalité de la ville.

Les élections municipales à Madagascar approchent à grands pas (27 novembre 2019). Majunga, comme toutes les grandes villes de Madagascar attisent les convoitises des grands partis, notamment les deux grands, celui du pouvoir et celui de l'opposition, le TIM de Marc Ravalomanana. Qualifiée de la ville la plus belle et la plus agréable à vivre de l'Ile, la Cité des fleurs ne manquera pas d'animer les enjeux politiques et les débats pour sa conquête lors de ces municipales. D'autant que la présentation de la campagne s'annonce un peu complexe. Récit.  

Ils sont quatre à vouloir briguer le siège du premier magistrat de la ville de Majunga. Ils, ce sont: Andriantomanga Mokhtar Salim, maire sortant et candidat de l'IRD de Andry Rajoelina, Houssain, candidat du TIM, Rakotovao Roger Yvon, indépendant et Ramandratosoa Jean Yves José, également indépendant. On aurait pu imaginer que le maire sortant ne se lancera pas dans ces élections, lui qui a fait savoir à qui veut l'entendre son ambition pour le poste de gouverneur. La donne a peut-être changé au sein du parti présidentiel pour le choix du patron de la région Boeny et en pressentant ce choix en sa défaveur, l'actuel maire du chef-lieu de ladite région aurait préféré tenter sa chance pour renouveler son mandat. Quoi qu'il en soit, Mokhtar part favori pour ces municipales. C'est le candidat du pouvoir. Bien que ce critère ne soit pas un gage de réussite aux élections, il constitue néanmoins un sérieux atout pour en gagner. Son bilan plaide en sa faveur. Les actions entreprises durant son mandat orchestrées par une parfaite et efficace stratégie de communication sont nombreuses et elles ont considérablement contribué à l'embellissement de la ville et au bien-être de sa population. Le bilan financier aussi est reluisant. Il a su renflouer les caisses de la commune quand celles-ci étaient exsangues à son début de mandat. Bref, tous les feux sont au vert pour Mokhtar et sa position de favori colle bien à sa côte de popularité associée à son bilan.

 TIM en trois mouvances

D'autant qu'en face, les seuls candidats qui ont osé l'affronter sont tous issus du TIM. La situation semble en effet invraisemblable mais outre Houssain, qui est le candidat officiel du parti de Marc Ravalomanana, Rakotovao Roger Yvon et Ramandratosoa Jean Yves José sont tous les deux des pontes locaux du TIM. Ces deux personnalités très influentes du TIM à Majunga ont depuis toujours pensé à la magistrature de la ville en se rasant le matin. Ils n'ont jamais caché ce souhait et ont, chacun dans leur coin, cru, dur comme fer, qu'ils seraient les candidats officiels du TIM. Seulement, le chef, en l'occurrence, Marc Ravalomanana en a décidé autrement. Son choix s'est porté sur Houssain, un fidèle parmi les fidèles. Ancien sénateur TIM et directeur de SICE (ancienne société commerciale appartenant à l'Etat dans les années 80-90) devenu aujourd'hui opérateur économique, Houssain a toujours témoigné sa loyauté indéfectible envers l'ancien chef d'Etat même après la chute de celui-ci en 2009. Et c'est sans doute cette loyauté qui a fait pencher la balance en sa faveur le désignant candidat officiel du TIM. Déçus, sans doute frustrés ou même réconfortés par leur influence sur les gens de la  base du parti, Rakotovao Roger Yvon et Ramandratosoa Jean Yves José ont mobilisé leurs partisans en présentant chacun de leur côté des candidatures en tant que "indépendant". L'inimaginable s'est produit. Le TIM, le seul parti capable de faire front à Mokhtar est fracturé et la déflagration a fait bien des dégâts puisque, désormais, elle y a fait naître, non pas deux mais trois mouvances pour une même élection et un seul siège. L'IRD se frotte bien les mains et la victoire de son poulain semble de moins en mois improbable.    

Clash avec Ravatomanga

Toutefois, d'aucuns ne se versent pas pour autant dans cet optimisme euphorique pour Mokhtar. Il se murmure que celui-ci s'est fâché avec le PDG du groupe SODIAT et propriétaire de la chaîne de télévision et de radio M3TV/M3FM, Maminiaina Ravatomanga. Nul ne sait exactement et avec précision la nature du clash entre les deux hommes, même si des bruits courent sur des problèmes fonciers, mais tout le monde connait l'imposante influence du multi-milliardaire homme d'affaires dans le dernier cercle de l'entourage du président de la république. Il se murmure aussi que Mokhtar serait même interdit d'antenne à M3TV/M3FM or cette chaîne a été toujours un outil indispensable et décisif lors des élections pour le parti au pouvoir, que ce soit pendant les présidentielles ou pendant les législatives. La campagne électorale à venir donnera plus de précisions en confirmant ou en infirmant ce clash annoncé. Mais s'il vient à être confirmé, ce sera un coup dur pour le maire sortant. L'absence de soutien de Ravatomanga, l'homme qui murmure à l'oreille du président, que ce soit personnellement et encore plus matériellement peut lui être préjudiciable. Même si on imagine mal aussi le PDG du groupe SODIAT lui mettre les bâtons dans les roues pour handicaper un candidat du pouvoir; lui qui en est si proche. Avec tous les projets annoncés et amorcés récemment en grandes pompes pour Majunga, Andry Rajoelina se verrait bien composer avec un maire issu de son rang que du celui de l'opposition; même si, et c'est là aussi le danger pour Mokhtar, le conseil municipal joue aussi un rôle important voire décisif dans les grandes décisions de la municipalité. Le président de la république peut alors se passer du maire d'autant s'il est de l'opposition dès lors que les conseillers municipaux de son parti sont majoritaires au sein du conseil. Bref, comme toute élection, seuls les électeurs restent les seuls juges en se présentant aux urnes.

 Popularité intacte de Rajoelina 

Majunga est une ville assez compliquée à cerner en matière d'élection. Elle dégage souvent une logique propre à elle qui égare souvent les bons vieux pronostics bien ficelés. Ce qui fait sans doute son originalité forgée par son caractère cosmopolite. Cependant, le passage récent de Andry Rajoelina dans la ville a montré une popularité intacte pour le chef de l'Etat pouvant être interprétée comme un sondage largement sécurisant et rassurant pour le candidat de son parti. Néanmoins, l'ambiance régnante de pré-campagne ne montrent pas un paysage électoral donnant Mokhtar quasiment vainqueurs et "ses adversaires du TIM" quasiment vaincus. Chacun campe dans ses tranchées en attendant l'assaut. Et pas de quartier, chacun pour soi! 

 

Eddy Rabe      

 

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Publié le par Eddy Rabe
Faneva Andriatsima célébrant son but de la 77ème minute face à la RDC lors du 1/8ème de finale, son premier but dans la compétition. Le capitaine des Barea symbolise la renaissance de cette équipe avec le sélectionneur Nicolas Dupuis. Il a investi humainement et financièrement à la constitution de ce groupe, à la mise en place d'une structure et à la recherche de moyens matériels dignes d'une équipe nationale (voir L'Equipe du 07/072019). Respect!

Faneva Andriatsima célébrant son but de la 77ème minute face à la RDC lors du 1/8ème de finale, son premier but dans la compétition. Le capitaine des Barea symbolise la renaissance de cette équipe avec le sélectionneur Nicolas Dupuis. Il a investi humainement et financièrement à la constitution de ce groupe, à la mise en place d'une structure et à la recherche de moyens matériels dignes d'une équipe nationale (voir L'Equipe du 07/072019). Respect!

Les Barea de Madagascar seront opposés aux Aigles de Carthage de la Tunisie pour le compte du quart de finale de la CAN 2019. Une étape de plus à franchir pour nos héros malgaches dans cette compétition qui leur a fait entrer dans l'histoire. L'exploit est d'ores et déjà réalisé, il suffit maintenant de le prolonger le plus longtemps possible. Pour cela, il faudra passer par ce quart de finale et venir à bout de la Tunisie. Rendez-vous est pris pour ce jeudi à 21H00 (heure française) au Caire (Egypte)

A la fin du match face à la RDC, un match à rebondissements, qui a hissé les Barea en quarts de finale, les joueurs malgaches, en zone mixte, ont été clairs face à la presse. Ils n'ont pas d'adversaire préférentiel; ils seront prêts à affronter ce quart de finale quelle que soit l'équipe en face. A ce moment-là, ils ne connaissaient pas encore leurs adversaires. Le match entre la Tunisie et le Ghana ayant été disputé le lendemain (08/07/19). En quelque sorte, l'état d'esprit des Barea est cohérent avec l'événement en cours. En se qualifiant pour les quarts, ils savent pertinemment qu'ils sont entrés dans la cour des Grands et qu'il ne faut plus se cacher. L'exploit est déjà écrit, il reste désormais à rendre une histoire, la plus longue possible. Les Tunisiens le savent aussi, ils restent les favoris mais les Barea sont devenus des outsiders redoutables qu'il ne faut plus prendre de haut. Les Congolais l'ont bien appris à leurs dépens, comme si le fait de diffuser en boucle sur le compte WhatsApp de leur sélection le résumé du match à Madagascar montrant leur victoire écrasante 6-1, suffisait à faire ébranler les Barea à ce huitième de finale.

Tout le monde est prévenu. Le Petit Poucet (sobriquet attribué par le sélectionneur malgache à son équipe et repris par la presse étrangère) grimpe les marches à pas de géant. Les joueurs malgaches eux-mêmes sont prévenus. A ce stade de la compétition, l'enthousiasme en soi ne suffit pas; il faut se surpasser, tout donner jusqu'au dernier souffle. La demi-mesure ne pardonne pas. Il faut répéter les mêmes efforts reproduits lors du 1/8ème de finale, lorsque, au plus fort de la domination des Congolais en fin de la deuxième mi-temps et en prolongation, on voyait des guerriers ne rien lâcher et défendre ensemble, se sacrifiant les uns pour les autres malgré la fatigue. On voyait également des joueurs solides mentalement malgré le but égalisateur de la RDC à la dernière minute du temps réglementaire; des joueurs qui ont foi en leur destin, celui de gagner le match et de faire rêver tout un peuple. La preuve en est lors de la séance des tirs aux buts: aucun des tireurs malgaches n'a tremblé et ils ont tous rempli avec succès leurs responsabilités.

Des morts par crise cardiaque

La ferveur et la joie ressenties dans le vestiaire des Barea après le match, marquées aussi  par le passage du président de la République, Andry Rajoelina, montrent à quel point ce groupe vit bien. Le sens du sacrifice y est bien ancré et il est bien conscient du chemin parcouru, du périple des qualifications à travers les contrées africaines jusqu'à ce quart de finale de la CAN. On l'a maintes fois répété, les Barea ont réussi leur CAN, les objectifs sont largement remplis. Les joueurs sont conscients qu'ils reviennent de loin, de tellement loin qu'ils n'ont pas envie de renoncer et rêvent de figurer encore plus haut dans cette grande compétition. Leur état d'esprit sur le terrain lors du 1/8ème de finale montre leur appétence insatiable à la victoire. Poussés par l'enthousiasme général de toute une nation, ils savent aussi qu'ils portent sur leurs épaules tout l'espoir d'un peuple à retrouver enfin la fierté de son pays. A chaque interview, les joueurs malgaches n'omettent jamais de souligner l'importance du peuple malgache dans leur parcours, comme si, ils sont redevables envers ce peuple mais c'est ce peuple qui leur est reconnaissant à jamais. Cette reconnaissance est due à cette grande unité retrouvée dans le pays car à Madagascar, l'avènement Barea dépasse tout entendement. On vit Barea à chaque instant de la vie quotidienne et dans toutes les couches sociales, des grandes villes au fin fond des terres reculées. L'émotion et la passion pour cette équipe sont tellement intenses au pays de sorte qu'on a déploré des morts par crise cardiaque à l'issue de la séance des tirs aux buts dimanche dernier.

Mais les choses sérieuses arrivent vite. Il faudra enfiler dès jeudi les bleus de chauffe. Les Barea ne disposent que de trois jours pour récupérer, gérer la pression et l'émotion ainsi que préparer le match contre la Tunisie. C'est ce laps de temps court qui préoccupe le plus d'ailleurs le sélectionneur, Nicolas Dupuis, car dans ces trois jours, il a fallu compter le déplacement dans la journée d'hier d'Alexandrie au Caire, lieu de la rencontre. La Tunisie, entraînée par l'ancienne gloire du football français, Alain Giresse, connait aussi les mêmes contraintes mais elle dispose en son sein des joueurs évoluant dans des clubs beaucoup plus rompus à disputer plusieurs matchs dans une période courte. Le gros travail du staff malgache réside donc sur la récupération, la manière de faire retomber l'euphorie pour retrouver la plénitude de la concentration le temps de la préparation du match jusqu'au coup de sifflet final. Ce qui est sûr, c'est que les joueurs vont toujours répondre présents sur le mental. Cette équipe construite par Nicolas Dupuis et Faneva Andriatsima, le capitaine, a tellement connu d'anecdotes malencontreuses indignes d'une équipe nationale (voir L'Equipe du 07 juillet 2019) avant de se retrouver à ce stade de quart de finale de la CAN, qu'elle ne peut avoir les boules au ventre dans un match où elle a tout à gagner et rien à perdre. Mais il s'agit d'un quart de finale d'une compétition internationale de haut niveau face à une équipe prestigieuse qui compte une CAN dans son palmarès. La méfiance reste toujours de rigueur. Les Tunisiens vont tout donner dans la bataille, à n'en pas douter, avec probablement, la titularisation de Wahbi Khazri, leur maître à jouer. Il a complètement changé la physionomie de jeu des Tunisiens à son entrée en jeu face au Ghana en ayant été également à l'origine de l'ouverture du score pour son équipe. Toutefois, le retour de Marco Ilaimaharitra, forfait lors du huitième de finale va apporter de la fraîcheur et de la stabilité dans le milieu de terrain des Barea. Il faudra aussi être vigilant défensivement pour éviter de concéder des pénaltys car l'usage de la VAR (assistance vidéo à l'arbitrage) sera appliqué lors de ces quarts de finale. Au-delà de toutes analyses sportives et objectives, pour tout Malgache où qu'il soit, les Barea ne seront pas seuls ce jeudi 11 juillet 2019. Leur souffle, leur coeur et même leurs prières les accompagneront sur le terrain ce jour-là. A présent, le rêve est permis; tout est permis... 

MIARA-MIRONA. ALEFA BAREA!*

 

*: Tous ensemble. Allez-y Barea! 

 

Eddy Rabe

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Publié le par Eddy Rabe
53ème minute. Carolus Andriamahitsinoro, attaquant des Barea s'apprête à tirer le coup-franc, synonyme du deuxième but malgache face aux Super Eagles nigérians. Madagascar 2 - Nigéria 0. A l'issue du match, les Barea terminent 1ers de leur groupe et filent en 1/8èmes de finale. Moment d'euphorie et historique.

53ème minute. Carolus Andriamahitsinoro, attaquant des Barea s'apprête à tirer le coup-franc, synonyme du deuxième but malgache face aux Super Eagles nigérians. Madagascar 2 - Nigéria 0. A l'issue du match, les Barea terminent 1ers de leur groupe et filent en 1/8èmes de finale. Moment d'euphorie et historique.

Premiers de leur groupe, les Barea ont hérité de la République Démocratique du Congo, l'une des quatre meilleures troisièmes à l'issue de la phase de groupes de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN), pour les huitièmes de finale. Le match aura lieu le dimanche 07 juillet prochain, une date qui restera déjà dans l'histoire de tout un pays quelle que soit l'issue de la rencontre.  

Soyons honnêtes, si on nous avait dit que les Barea de Madagascar, pour leur première participation à la CAN, atteindraient les 1/8èmes de finale de la compétition en étant premiers de leur groupe, on n'aurait pas cru. D'autant que les matchs de préparation d'avant compétition n'ont pas trop poussé à l'optimisme avec aucune victoire (3 défaites et un match nul). Sauf qu'entretemps, il s'est dégagé au sein de ce groupe une chose que son sélectionneur, Nicolas Dupuis, a su insuffler à ses hommes. La solidarité, l'engagement, l'enthousiasme et la fierté montrés par les joueurs malgaches sur le terrain suscitent tout simplement l'admiration. Et le tout couplé à une touche tactique bien maîtrisée avec un 4-3-3 très compact. La ligne défensive en bloc et la projection en vitesse vers l'avant ont été séduisantes à voir avec des joueurs bons techniquement comme Carolus, Bolida, Anicet, Marco ou encore Ahmada. Derrière, même si elle a été coupable sur les deux buts encaissés face à la Guinée lors du premier match, la charnière centrale monte progressivement en puissance et est devenue rassurante sur les deux derniers matchs, voire époustouflante contre le Nigéria. Sur les côtés, Metanire montre qu'il n'a pas été élu All Star, dans le Major League Soccer (championnat américain de football) avec des stars comme Zlatan Ibrahimovic, Wayne Rooney ou Nani, par hasard; et Jérôme Mombris, sur le flanc gauche, bien qu'il ne montre pas les mêmes performances que son coéquipier du côté droit sur le plan de l'attaque, assure défensivement. Sur ce point, Metanire régale avec ses montées et ses centres. Avec un peu plus de réalisme devant, son équipe aurait pu marquer beaucoup plus de buts en bénéficiant de la qualité de ses centres. 

Bref, dans son ensemble, les Barea ont plus que satisfait lors de cette phase de groupes et les résultats l'attestent. Premiers de leur groupe sans avoir essuyé aucune défaite avec 7 points devant le grand Nigéria qu'ils ont surclassé 2 à 0 sur une victoire probante, les Malgaches ont fourni une prestation de haute volée saluée à l'unanimité au-delà même des frontières de l'Afrique. Pour une première qualification à une CAN, Madagascar est entré tout simplement dans l'histoire en terminant premier de son groupe puisqu'il est le premier pays à occuper cette place après la phase de groupes pour une première participation. Premier pays à s'être qualifié pour cette 32ème édition de la CAN, Madagascar enchaîne depuis les "premières" inédites et elles sont enchantées: on peut citer la première victoire face au Burundi, la première qualification en 1/8èmes de finale et une nation toute entière espère et prie pour que cette série ne s'arrête pas au soir du 07 juillet 2019.  

Patriotisme retrouvé

En effet, Madagascar, du nord au sud, d'est en ouest, est en totale ébullition face à la ferveur suscitée par son équipe nationale durant cette CAN. Sa diaspora, partout dans le monde, ne jure que par cette équipe. Les maillots aux couleurs des Barea se vendent comme des petits pains. Toute une nation semble avoir été soulevée par les bonnes performances de ce groupe d'hommes représentant un pays qui, jusqu'ici, n'a été connu que par ses faiblesses et les échos d'informations odieuses. Un élan de patriotisme est né grâce à la "grinta" montrée sur le terrain par Faneva Andriatsima, le capitaine, et ses coéquipiers. Il va sans dire que Madagascar affiche, depuis les élections présidentielles, un visage plus rayonnant. La stabilité politique a dynamisé l'enthousiasme de la population et a provoqué une ambiance plus gaie de la société. Les planètes semblent s'aligner cette fois-ci pour que Madagascar retrouve son lustre d'antan. Et l'avènement des Barea à la CAN n'a fait que réconforter cette atmosphère ambiante; il a fait remonter un patriotisme retrouvé. Jamais, depuis l'indépendance de Madagascar, un Malgache ne s'est senti aussi fier de son pays. On arborait fièrement le blanc, rouge, vert du drapeau dans les rues; l'hymne national est chanté à tue-tête, les soirs des victoires des Barea. On festoie, on est uni, on est ensemble pour un même pays, que l'on soit noir, blanc, jaune, avec des cheveux lisses ou crépus. La magie du sport, en général, du football, en particulier, est passée par là. L'Etat, par l'intermédiaire de son chef, Andry Rajoelina, n'a pas tardé à réagir pour soutenir au mieux les joueurs lors des 1/8èmes de finale au lendemain de la qualification. Il a affrété un Airbus A-380 pouvant transporter jusqu'à un peu moins de 500 personnes pour acheminer les supporters et quelques anciennes gloires du football malgache souhaitant assister au match de dimanche à Alexandrie. Certes, le voyage n'est pas gratuit mais dès l'ouverture des réservations, les agences de la compagnie aérienne nationale ont été "prises d'assaut" par des foules immenses désireuses de se procurer le fameux sésame. C'est un événement sans pareil montrant l'engouement incommensurable du phénomène Barea. Les Barea ont montré la voie, il s'agit à présent d'entretenir cette flamme du patriotisme pour un Madagascar fort et fier sur le plan international, et ce, dans tous les domaines. 

Maintenant, toutes les têtes sont tournées vers les 1/8èmes. Pour les Barea, la mission est déjà plus qu'accomplie. Cette campagne de phase finale de CAN 2019 demeure déjà comme une grande réussite sportive, médiatique et populaire pour Nicolas Dupuis et sa troupe. Cependant, au vu de leur engagement sur le terrain, il n'est plus à en douter que ces joueurs sont et restent des compétiteurs et en tant que tels, ils ne vont pas vouloir s'arrêter en si bon chemin. Et c'est le souhait aussi de tout un peuple. Mais la route est encore longue. C'est une autre compétition qui commence et toutes les équipes vont monter en puissance. Déjà, il faut se méfier des Congolais. Leur troisième place est trompeuse; ça reste une grande équipe entraînée par un des meilleurs, si ce n'est le meilleur coach africain, Jean-Florent Ibenge, et composée par de très bons joueurs évoluant dans de grandes écuries européennes ou africaines. Les Congolais vont certainement vouloir se racheter, tels un animal blessé, aux yeux de leurs supporters pour effacer le souvenir du repêchage de la troisième place indigne de leur statut. Nos Barea le savent, sans l'ombre d'un doute. Aussi, la défaite 1-6 face à la RDC en terre malgache reste toujours en travers de la gorge de certains joueurs malgaches et de beaucoup de supporters. L'occasion est trop belle pour laver l'affront, et au-delà de l'enjeu, ce sera une motivation supplémentaire pour nos vaillants guerriers de se surpasser. D'autant que ce match va devenir un match de tout un groupe car le sélectionneur malgache devra se passer de son onze titulaire habituel en ne pouvant aligner Marco Ilaimaharitra et Bapasy. Le premier, précieux au milieu dans la récupération et auteur du joli but victorieux sur coup-franc face au Burundi est forfait en ayant récolté 2 cartons jaunes lors de la phase de groupes. Le second, pendant de Thomas Fontaine dans l'axe de la défense et auteur d'un grand match face au Nigéria, est blessé aux adducteurs. Sorti pendant ce match, il risque de rater, non seulement, la confrontation face à la RDC dimanche, mais aussi la suite de la compétition si les Barea vont plus loin que ces 1/8èmes de finale. C'est bien dommage mais cela fait partie des aléas d'une grande compétition. Il faut faire avec, d'autant que la solidarité de ce groupe n'est plus à démontrer. Les Barea ne seront pas seuls sur le terrain pour affronter les Léopards, tout le souffle et l'appui d'une nation les accompagneront. Ils sont désormais dans nos coeurs et ils écrivent leur histoire, l'histoire de tout un peuple.

MIARA-MIRONA. ALEFA BAREA!*

 

*: Tous ensemble. Allez-y Barea!

 

Eddy Rabe

 

 

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