Serena Williams, les bras en triomphe après sa victoire en finale de Roland Garros 2015 face à la Tchèque Lucie Safarova.
En remportant l'édition 2015 des Internationaux de France à Roland Garros, la numéro un mondiale, l'Américaine Serena Williams s'est offerte le 20ème titre du Grand Chelem de sa carrière et le 3ème du côté de la porte d'Auteuil. Avec un palmarès impressionnant et ce nouveau titre, la cadette des soeurs Williams conforte sa place dans la légende du tennis féminin. Elle n'est plus qu'à 2 titres du record de victoires en Grand Chelem depuis l'ère Open détenu par une autre légende du tennis féminin, l'Allemande Steffi Graf. Pourtant, ça n'a pas été simple pour l'Américaine durant cette quinzaine parisienne.
Sur le papier, Serena Williams part largement favorite pour l'affiche de la finale Dames de Roland Garros face à la Tchèque, Lucie Safarova. Il est vrai qu'avant cette finale, Serena Williams a gagné les huit confrontations que les deux joueuses avaient eu à disputer. Et l'entame du match a bien confirmé ce pronostic. L'Américaine a fait parler sa puissance et a vite bouclé le 1er set 6-3. Le public et les téléspectateurs s'attendent alors à un match expéditif en moins d'une heure et ont un peu boudé leur plaisir, d'autant que la numéro un mondiale semble se balader dans le 2ème set en menant 2-0 puis 4-1. Mais voilà que le "mystère Serena" survient. Durant ce Roland Garros 2015, elle a toujours cédé un set avant de puiser au fond d'elle-même pour renverser les matchs et vaincre ses adversaires. C'est certainement l'expérience. Quand on a gagné 19 tournois de Grand Chelem, on en sait quelque chose sur la culture de la gagne. Officiellement, il se murmurait qu'elle avait attrapé la grippe pendant le tournoi et elle était même fiévreuse avant de disputer la demi-finale face à la Suissesse Timea Bacsinszky. Et au vu de la forte chaleur qui s'abattait sur le court ce jour-là, Serena Williams était héroïque; son courage et sa combativité font qu'elle n'est pas aujourd'hui à la place qu'elle occupe par le simple fait du hasard. Du coup, elle a écarté la Suissesse; en allant au bout d'elle-même, certes, mais aussi en prouvant que sa suprématie sur le tennis féminin reste intacte. Pour faire le lien avec la finale, l'on a cru un certain temps que l'Américaine allait laisser filer son 3ème sacre tant Lucie Safarova enchaînait les jeux gagnants. Menée 4 jeux à 1 dans le second set, elle a pu remonter le score avant de remporter la manche 7-6 et égaliser à 1 set partout. Au fond d'elle-même en menant 2-0 dans la 3ème manche et devant les doutes de son adversaire, la Tchèque s'est peut-être dit que l'occasion était venue pour elle d'inscrire son nom dans l'histoire du tennis; elle qui disputait là sa première finale de tournoi de Grand Chelem. Mais c'était sans compter la soif de vaincre de Serena Williams qui, à son habitude, durant le tournoi parisien, a fait parler son expérience et pompé dans ses réserves pour dérouler et remporter le match. Mission accomplie pour la numéro 1 mondiale, le 3ème titre de Roland Garros, accessoirement le 20ème de Grand Chelem, tombe dans son escarcelle.
Joueuse de légende
Ainsi Serena Williams marche vers justement le Grand Chelem. En ayant remporté l'année dernière l'US Open puis l'Open d'Australie en début d'année, la présente victoire au Roland Garros lui ouvre cette voie en attendant de boucler la boucle sur quatre victoires consécutives des 4 tournois majeurs du Grand Chelem si Wimbledon lui sera aussi bénéfique. Son potentiel n'est plus à démontrer pour l'accomplir, d'autant que cet exploit, elle l'a déjà réalisé en 2002-2003 dans le sens inverse, c'est-à-dire en commençant par gagner Roland Garros pour finir par triompher à l'Open d'Australie l'année suivante. Nul doute qu'au coin de sa tête, elle rêve de réitérer cet exploit et surtout d'égaler voire de dépasser le record de Steffi Graf à 22 victoires de tournois de Grand Chelem. Elle ne l'a d'ailleurs pas caché lors de son interview sur les plateaux de France 2 après sa victoire. Toutefois, le déroulement de la quinzaine à Paris a fait surgir quelques doutes nonobstant la victoire. Serena Williams a concédé 5 sets lors du tournoi. Du jamais vu selon les spécialistes. Par moments, elle s'est fait même un peu peur mais la suite on la connait. Bien sûr l'histoire de la grippe entre en considération mais Patrick Mouratoglu, son entraîneur français, se penchera sûrement sur la question avant d'attaquer Wimbledon. Il faut s'attendre également à ce que ses adversaires s'engouffrent dans cette brèche pour essayer de la malmener lors du prochain tournoi britannique. Une éventualité qui reste possible si l'on juge entre autres des potentialités des joueuses sur le circuit en ce moment. Mais une Serena peut en cacher une autre; c'est la grande leçon qu'elle a adressée aux fanatiques de la balle jaune. Le message est donc passé: même amoindrie physiquement, elle reste pour l'instant et peut-être encore pour longtemps la reine des circuits. Une tendance qui fait déjà d'elle une joueuse de légende. Une tendance qui montre aussi pour l'instant que le tennis est un sport qui se joue à deux mais à la fin c'est Miss Williams qui gagne. Bravo Serena!
Eddy Rabe