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Monjangaia

Monjangaia

C'est un blog d'informations et d'analyses sur l'actualité internationale en général, et, malgache, en particulier.

Publié le par Eddy Rabe
Rabemananjara Guy, connu sous le surnom de Kiki était un redoutable attaquant international malgache. Il fait partie de la fabuleuse génération qui avait fait connaître ses heures de gloire internationale au football malgache. Croisé ici lors du dernier RNS à Lyon le 01er avril 2018, il nous avait accordé une entrevue amicale.

Rabemananjara Guy, connu sous le surnom de Kiki était un redoutable attaquant international malgache. Il fait partie de la fabuleuse génération qui avait fait connaître ses heures de gloire internationale au football malgache. Croisé ici lors du dernier RNS à Lyon le 01er avril 2018, il nous avait accordé une entrevue amicale.

Généralement, RNS (Rencontre Nationale Sportive) reste le lieu idéal pour des dizaines de milliers de Malgaches de se retrouver; "the place to be" pour beaucoup d'entre eux durant le week-end pascal de l'année. Une fois de plus, la 43ème édition, celle de 2018 n'a pas dérogé à la règle. La diaspora malgache de toute l'Europe s'était donné rendez-vous à Lyon pour cet événement grandiose et magnifique. Des retrouvailles se sont ainsi produites lors de cet événement sportif et culturel et à la fois festif. Il faut reconnaître que les retrouvailles entre Malgaches loin de leurs terres demeurent toujours des moments festifs. Il a juste fallu créer le cadre idéal pour cela et c'est ce qu'ont su insuffler les organisateurs de RNS durant toutes ces années. Comme toujours, le succès était au rendez-vous dans la capitale des Gaules pour l'édition 2018. Les programmations étaient riches et diversifiées; les dizaines de milliers de personnes présentes avaient plus ou moins trouvé leur bonheur pour combler de loisirs leur week-end de Pâques. Des manifestations sportives aux représentations culturelles ou même aux soirées dansantes en marge de l'événement telles les soirées de Lianah, Wawa et Lôla, toutes avaient connu un net succès. Inévitablement, et comme dans de telles circonstances, des liens s'étaient noués, des amitiés s'étaient créées, des retrouvailles avaient vu le jour sans compter les surprises rencontrées ici et là. 

Kiki-Alban

Et en termes de surprises, votre serviteur, présent sur les lieux, en avait connu une; et, elle était de taille. Féru de football depuis toujours et grand nostalgique du football malgache des années 80-90, en général, et du football majungais de la même époque, en particulier, oui, la surprise m'avait submergé. Habituellement, lors de RNS, on rencontre des anciens sportifs malgaches de toutes disciplines; d'anciens champions qu'on acclamait autrefois. Ce sont souvent des instants magiques. Magique l'avait été donc ce moment où j'avais croisé Rabemananjara Guy dit Kiki au milieu d'une bande d'amis et de frères natifs de Majunga pour la plupart. J'avais savouré ce moment tout comme je m'étais délecté des brochettes aux saveurs de notre lointaine Cité des fleurs savamment préparées par Doudou Pêcheur, le tout dans la joie et la bonne humeur égayé par l'humour provocant des Majungais. Pour les plus jeunes, il faut rappeler que Kiki était un ancien international malgache. Il fut l'un de ceux qui avaient fait les beaux jours du ballon rond malgache que ce soit en équipe nationale ou en club. C'était un attaquant de poche évoluant sur un côté, très rapide, réputé pour son démarrage, à la Baky Koné, pour les initiés. Il était capable, par son démarrage, de déposer plusieurs fois ses adversaires dans un match. Mais sa grande force résidait dans sa capacité de porter le ballon et de pouvoir décocher une frappe puissante et précise en pleine course. Des frappes que craignaient souvent les gardiens adverses de l'époque car elles prenaient souvent le chemin des filets. Qualifié de surdoué du foot, il avait constitué avec son frère Alban (Goudji pour les intimes), tout aussi talentueux que lui, si ce n'est plus, techniquement, un duo d'attaque redoutable faisant de l'AC SOTEMA, le plus grand club de Madagascar de l'époque. Un qualificatif que ce club appartenant à une grande firme textile de la ville de Majunga étrenna même jusqu'au continent africain en ayant atteint les demi-finales-finales de la coupe d'Afrique des clubs. Rien qu'à l'évocation de ce duo Kiki-Alban, les défenseurs adverses tremblaient déjà. 

FCO-SOTEMA

Ainsi, cette entrevue avec Kiki nous avait fait remémorer ces agréables souvenirs footballistiques mais aussi et surtout, c'était une occasion de parler football, en l'occurrence le football malgache. Il nous avait alors confié qu'il avait accordé une interview aux journalistes présents à l'événement pendant laquelle il avait livré une expertise du football malgache. Et selon lui, il regrette que la fédération malgache de football et les techniciens formés à l'époque n'aient pas pu garder l'héritage laissé par Peter Schnittger. Le technicien allemand à la tête de la sélection nationale de l'époque, avait-il révélé, avait initié plusieurs ateliers pour chaque poste et sélectionné les joueurs en fonction de leurs qualités à s'adapter au mieux à un poste. Il nous avait fait beaucoup progresser avait-il souligné, avant de se poser la question pourquoi on n'a pas su assurer et perpétuer la continuité du travail de l'Allemand. Une question qui mérite en effet d'être posée quand on constate l'état du football malgache, notamment la gestion de l'équipe nationale, et surtout du fait que beaucoup de techniciens malgaches eurent été formés durant son passage à la tête de la sélection. Si du temps de Peter Schnittger, le "Club M" (dénomination à l'époque attribuée à l'équipe nationale de football) côtoyait et faisait trembler le gratin du football africain comme le Cameroun ou l'Egypte pour ne citer que ces 2 grands pays du foot  africain, aujourd'hui, les "Barea" (actuelle dénomination) ne font plus peur à personne même au niveau de l'Océan Indien. C'est malheureux et Kiki, comme tous les observateurs, s'en inquiète. Il suggère ainsi une réforme structurelle profonde du football malgache pour le faire sortir de sa longue descente vers l'inconnu. Comme toute discussion foot qui se respecte, nous avions beaucoup parlé de l'aspect technique et ce fut un débat passionné qui témoigne bien que Kiki n'était pas seulement un joueur talentueux mais c'est aussi un fin connaisseur et un amoureux du football. Le fan que j'étais était comblé; d'autant que vers la fin de sa carrière à Madagascar, il porta le maillot du FCO (Fortior de la Côte Ouest) de Majunga, mon club fétiche. Il nous fit vibrer avec ce maillot "blaugrana" semblable à celui du FC Barcelone lors de matchs inoubliables dont un fameux derby face au club rival... l'AC SOTEMA. Dans ce match qu'il éclaboussa de son talent, il marqua un triplé contre son ancien club, lequel l'avait poussé vers la sortie quelques semaines auparavant, sur une victoire éclatante de 4 à 0. Après l'aventure FCO, il est ensuite parti s'expatrier à l'Ile Mayotte pour partager sa longue expérience acquise durant sa grande carrière. Il y vit toujours et veille à l'avenir de ses fils établis en France à qui on voue aussi de grandes qualités de footballeur. Vivement la relève! Merci pour ce moment Kiki. 

 

Eddy Rabe   

 

 

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