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Monjangaia

Monjangaia

C'est un blog d'informations et d'analyses sur l'actualité internationale en général, et, malgache, en particulier.

Publié le par Eddy Rabe

Ci-dessus le communiqué des joueurs et du staff technique dénonçant leur mécontentement face au report de l'élection du président de la FMF et exhortant le comité exécutif intérimaire à tenir l'élection afin d'éviter les sanctions de la FIFA, notamment l'exclusion à la phase finale de la CAN 2019.

La nouvelle a ébranlé plus d'un, ou du moins les amoureux du ballon rond malgache. Le candidat à la tête de la présidence de la Fédération Malgache de Football (FMF), l'ancien ministre Neypatraiky Rakotomamonjy a retiré sa candidature le samedi 03 novembre, jour du scrutin. L'information était vite virale et avait fait l'effet d'une bombe. En effet, la déclaration de ce candidat sur les réseaux sociaux a dévoilé les dessous d'une parodie d'élection où s'entremêlent gros sous, corruption, conflits d'intérêts, intimidations et politique. Neypatraiky Rakotomamonjy a surtout précisé que sa décision faisait suite à l'arrestation du président de la ligue d'Analamanga, électeur prépondérant à l'élection, à son embarquement à l'aéroport d'Ivato, à Antananarivo pour rejoindre Sambava, lieu du vote. Pour lui, cette manoeuvre visait manifestement à empêcher le président de la ligue à rejoindre Sambava pour qu'il puisse faire valoir son droit. Pour cet ancien ministre, c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase, d'où son désistement. "J'ai décidé de me retirer, a-t-il déclaré avec tristesse et lucidité, car cette élection est, non seulement, exempte de transparence, mais aussi, elle est entachée de pratiques et de principes dépassant tout entendement et les valeurs démocratiques et morales." En énumérant les détails de la raison de son retrait, le postulant au poste du patron du foot malgache a fait voir au grand jour la face cachée de la sacro-sainte FMF. Certes, la convoitise que fait l'objet la présidence de la fédération ne constitue guère une surprise mais le tumulte de Sambava a montré la partie immergée de l'iceberg. Argent, politique, ce sont, la plupart du temps, les domaines qui prédominent la conquête de ce poste. Et aujourd'hui, avec la qualification des Barea (surnom de l'équipe nationale de football malgache) à la CAN 2019 au Cameroun, ces points sont plus qu'exacerbés. Il se murmure en effet que l'argent coule à flots et coïncidence aidant, l'élection présidentielle que connaît actuellement le pays s'ingère également dans le choix du futur président de la FMF. Les gros candidats à cette course à la présidentielle ont, paraît-il, misé sur des poulains pour pouvoir espérer avoir la mainmise sur la très stratégique et lucrative FMF. Seulement voilà, l'épisode de Sambava et la sortie de Neypatriky Rakotomamonjy ont grippé les rouages de la machination. Et comme attendu, l'élection n'avait donc pas pu se tenir pour faute de quorum non atteint. A partir de là, dès lors que l'élection est reportée, les règlements de la FMF en matière d'assemblée générale élective (AGE) stipulent que le scrutin doit se tenir dans les 48 heures. C'est ce que tout le monde y compris les présidents des ligues, les électeurs donc, s'est attendu à voir venir mais les instances du football malgache n'ont pas fini de surprendre.

Sanctions

Ainsi, selon cette disposition de la FMF, le report de cette élection devait avoir lieu hier mais cela n'avait pas été le cas. Déjà, en quittant Sambava, la délégation de la FMF était dans le flou total. Tous savaient que l'élection devait se tenir le lundi 05 novembre mais personne n'était capable de dire où, à quel moment et dans quelles conditions elle se produirait. Le comité exécutif intérimaire actuel, présidé par Doda Andriamiasasoa, lui-même candidat, entretenait déjà le mystère quant à ce report, depuis Sambava, en évoquant un éventuel problème de logistique sur les 48 heures à respecter. Ce mystère finit par se dissiper car dans la journée du lundi, le comité exécutif a publié un communiqué faisant savoir que l'élection ne serait pas tenue avant le scrutin du 1er tour de la présidentielle soit avant mercredi 07 novembre. Cela signifie de ce fait que le report est fixé sine die, et au plus tôt, à la fin de cette semaine. Ce deuxième report qui ne dit pas son nom implique une entorse aux règlements et elle risque d'engendrer des conséquences dramatiques pour le football malgache. Déjà témoins des "cafouillages" honteux à Sambava, les représentants de la CAF et de la FIFA ne manqueront pas de souligner les entraves au bon déroulement de l'élection mais surtout le non-respect des règlements, à savoir ce deuxième report. Une épée de Damoclès plane donc au-dessus de la FMF et du football malgache en général. Ces deux grandes instances du football africain et mondial sont très intransigeantes sur le respect des règlements et ne tolèrent aucune ingérence extérieure des affaires internes d'une fédération affiliée. Faut-il rappeler que Madagascar a déjà essuyé de sanctions sévères de la FIFA lorsque le pouvoir Ravalomanana de l'époque a essayé de dissoudre le comité exécutif dirigé par Ahmad, l'actuel président de la CAF. Le risque de sanctions pour Madagascar est fort probable voire possible, d'autant que les malversations, la corruption et les pressions politiques au vu et au su de tous, donc, des représentants de la CAF et de la FIFA, n'arrangent en rien à la situation. Mais ce qui est le plus redouté de la part des instances internationales, c'est la disqualification pure et simple du pays à la CAN 2019. En effet, cette exclusion serait très douloureuse et mettrait à mal l'avenir du football malgache, qui surfe sur une bonne dynamique ces derniers mois et récompensé par la qualification historique à la CAN 2019. Grands artisans de cette qualification, les joueurs de Barea, sentant le danger guetter l'aventure au Cameroun l'année prochaine, ont, d'une seule voix, fait savoir leur position à travers un communiqué en fustigeant les membres du comité exécutif actuel et en les exhortant de tenir au plus vite l'élection. C'était dimanche dernier. A ce jour, on connait la suite. L'élection n'a pas eu lieu lundi à 10H00, deadline reconnu par la FIFA. Aussi, les membres du comité exécutif ne se sont même pas déplacés à la médiation initiée par le ministère des sports et de la jeunesse; c'est dire à quel point la situation est tendue. Les raisons invoquées par ce même comité exécutif pour ce deuxième report interpelle aussi. L'invocation de l'élection présidentielle serait interprétée comme un motif politique donc facteur d'ingérence pour la FIFA et pourrait être mal perçue la poussant à prendre des décisions désastreuses pour Madagascar. Le retrait de Neypatraiky Rakotomamonjy a mis un grand coup de pied dans la fourmilière. Les pratiques douteuses exercées au sein de la FMF ne sont pas étrangères à tous ceux qui suivent de près le football malgache mais elles sont désormais mises à nu par les tumultes de ces derniers jours. Il serait peut-être temps que la mascarade s'arrête. Le ballon rond malgache n'a pas besoin de ça; surtout, en ce moment historique où il est enfin représenté dans l'une des plus prestigieuses compétitions continentales. Le ballon rond malgache ne doit pas être confisqué par une poignée de personnes avides de pouvoir et corrompues comme l'a si bien rappelé le communiqué des joueurs et du staff technique. Et enfin, le ballon rond malgache doit être assaini de toutes pratiques malhonnêtes que Neypatraiky Rakotomamonjy a courageusement dénoncées; lui qui a déjà demandé à ce que cette élection soit ouverte à tous et que le verdict des urnes fasse fédérer toutes les bonnes volontés, les vainqueurs et les vaincus pour relever le football à Madagascar et faire bonne figure à la CAN 2019. Si tant est on nous autorise toujours à y participer. Inch'Allah!

 

Eddy Rabe

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