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Monjangaia

Monjangaia

C'est un blog d'informations et d'analyses sur l'actualité internationale en général, et, malgache, en particulier.

Publié le par Eddy Rabe
Jean Ravelonarivo, bientôt 57 ans, aura donc tenu un peu plus d'un an à la tête d'un gouvernement de cette IVème République. C'est le second Premier ministre usé par Hery Rajaonarimampianina après moins de 03 ans de pouvoir. Il a succédé à Kolo Roger le 17 janvier 2015 avant cette démission du 08 avril 2016.

Jean Ravelonarivo, bientôt 57 ans, aura donc tenu un peu plus d'un an à la tête d'un gouvernement de cette IVème République. C'est le second Premier ministre usé par Hery Rajaonarimampianina après moins de 03 ans de pouvoir. Il a succédé à Kolo Roger le 17 janvier 2015 avant cette démission du 08 avril 2016.

L'information courait déjà depuis des mois les arcanes de la classe politique malgache; elle a fini par tomber ce 08 avril 2016. Le gouvernement Ravelonarivo a remis sa démission au président de la République. Annoncée par la Présidence de la République elle-même, cette démission n'est pas pour autant une surprise en soi. Le Chef de l'Etat a laissé entendre depuis le début de l'année de sa volonté de donner un nouveau souffle à son quinquennat en remaniant, dans un premier temps, le gouvernement, puis, le temps durant, en voulant carrément le changer. En effet, pour les observateurs politiques, le torchon a brûlé depuis belle lurette entre les deux hommes forts de l'Exécutif. Les sourires de façade et les discours d'usage de politesse et de courtoisie n'arrivaient plus à cacher les dissensions persistantes entre la Présidence et la Primature. Le président de la République estime que, malgré les bons chiffres annoncés par le gouvernement sur ses actions (RRI 2: initiative pour des résultats rapides après les 2èmes 100 jours d'exercice), les résultats ne sont pas assez inclusifs pour apaiser la grogne de la population. Il est vrai que la réalité des faits sur les presque 03 années de mandat de Hery Rajaonarimampianina n'aspire pas à un grand optimisme sur l'avenir du pays et qu'elle reste bien éloignée du chemin du développement promis lors de la campagne électorale. Le général Jean Ravelonarivo, pour sa part, pense avoir accompli sa mission selon les moyens dont il disposait et que son éviction relève d'une pure injustice. Il faut reconnaître que le désormais ex-Premier ministre manifestait de bonne volonté et d'enthousiasme dans le dur accomplisssemnt de sa fonction mais il a été vite rattrapé par la réalité politique malgache. Quel chef de gouvernement arrivera-t-il, en effet, à durer face à une Assemblée Nationale marquée par des courants politiques à géométrie variable, au sein de laquelle le pouvoir en place ne dispose d'aucune majorité stricte ni même d'élus? Que peut bien faire un Premier ministre dans un pouvoir sans cap qui navigue à vue pour pouvoir espérer un développement inclusif? Pas grand-chose si ce n'est d'accepter son rôle de fusible au moment venu. Ce moment, le général Jean Ravelonarivo ne l'a pas accepté et crie à l'injustice en aparté. Lui qui s'est aussi encombré d'un ministre d'Etat au sein de son équipe, avec des moyens bien plus importants que ceux dont il dispose et de ministres très - trop - proches de Iavoloha. Cette injustice, il l'a manifestée par sa détermination de ne pas céder aux injonctions tacites du président de la République pour présenter sa démission. Les dispositions constitutionnelles confortent en effet le Premier ministre à son poste empêchant le président de la République de le remplacer sans démission du gouvernement ou constatation de faute lourde de la part du chef du gouvernement.

Bras de fer

Le bras de fer a ainsi été engagé entre les deux hommes d'autant que, sur l'autre disposition constitutionnelle pour destituer le gouvernement, à savoir, la motion de censure par la Chambre Basse, le général semblait tranquille. L'Assemblée Nationale n'inspire pas confiance à la Présidence même si l'opération devrait s'accompagner d'un grand coup de distribution de mallettes de grosses coupures. Et bien qu'isolé ces derniers temps, Jean Ravelonarivo persiste et signe: "Je ne démissionnerai pas. C'est la Constitution qui m'a mis en place, c'est elle qui m'y délogera" a-t-il encore martelé sur le perron du Palais de Mahazoarivo mercredi dernier. Plus tôt dans la semaine, Hery Rajaonarimampianina a cité des versets bibliques pour indiquer que le changement de gouvernement se fera avec surprise au moment voulu. C'est chose faite désormais aujourd'hui depuis la publication du communiqué de la Présidence de la République annonçant la démission du gouvernement. Le général Jean Ravelonarivo a donc fini par céder. Comment? Selon des indiscrétions, des tractations à coups de milliards d'Ariary et des promesses de nominations pour une "mise en veille" dorée du style "ambassadeur" ont fini par avoir eu raison de la résistance du général. Il se murmure également que les ministres influents proches du Chef de l'Etat ont émis leur souhait de présenter leurs démissions collectives affaiblissant et isolant encore plus le Premier ministre. Quoi qu'il en soit, Hery Rajaonarimampianina se voit peut-être soulagé en ayant eu la peau de son Premier ministre qui lui a tenu tête et lui a donné plus d'un tournis depuis le début de leur mésentente. Sauf que vient à présent le choix du remplaçant de Jean Ravelonarivo. Un choix qui s'annonce d'ores et déjà difficile au vu du dilemme persistant posé par l'article 54 de la Constitution et de l'instabilité manifeste de l'Assemblée Nationale dans la nomination du Premier ministre. Et ça, c'est une toute autre histoire qui attend dans les jours qui viennent Hery Rajaonarimampianina. En attendant, le gouvernement démissionnaire va continuer d'assurer les affaires courantes jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement.

EDDY RABE

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V
une belle crise constitutionnelle n est pas à exclure
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