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Monjangaia

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C'est un blog d'informations et d'analyses sur l'actualité internationale en général, et, malgache, en particulier.

Publié le par Eddy Rabe
L'un des deux Airbus A340-300 aux couleurs de Air Madagascar et au coeur du litige opposant la compagnie aérienne malgache à Air France.

L'un des deux Airbus A340-300 aux couleurs de Air Madagascar et au coeur du litige opposant la compagnie aérienne malgache à Air France.

Selon Jeune Afrique, Air Madagascar a été condamnée par le tribunal de commerce de Paris, ce 17 octobre, à verser 21 millions d'euros à Air France suite à son litige avec la compagnie aérienne française. Cette cour de justice française a en effet débouté la compagnie aérienne malgache de sa demande de vouloir révoquer le contrat qu'elle avait contracté avec Air France pour contrat abusif suite à l'acquisition en location-vente de deux Airbus A340-300. Même si Air Mad va interjeter appel, cette décision de justice va mettre encore plus à mal sa santé financière déjà très précaire. On peut même affirmer que c'est une très mauvaise nouvelle et elle tombe très mal pour Air Mad à l'heure où elle espère se restructurer et se relancer.
Rappelons que Air Madagascar a acquis ces deux appareils en 2012 pendant la Transition. A l'époque, les techniciens de la compagnie malgache et le syndicat des pilotes mettaient en doute la décision de leurs dirigeants recommandant plutôt l'achat de Boeing 777. Les arguments techniques étaient presque unanimes en ces moments-là: l'exploitation des Airbus reviendrait cher pour Air Madagascar, ils sont trop gourmands en carburant sans compter les formations du personnel navigant et des techniciens rompus au fonctionnement et à la maintenance des appareils de la firme américaine. Des années plus tard, ces doutes sont confirmés. Les A340 ont plus plombé Air Mad qu'ils ne l'ont soulagé d'où le litige actuel avec Air France.
 
Décision politique
 
Faut-il aussi le rappeler que le pouvoir de la Transition de l'époque dirigé par Andry Rajoelina affichait une certaine fierté à l'acquisition des deux aéronefs et promettait la fin des galères de la compagnie aérienne malgache. Andry Rajoelina en personne accompagné de son ministre des finances de l'époque et non moins Président du Conseil d'Administration d'Air Madagascar, un certain Hery Rajaonarimampianina, avait même fait le déplacement à Toulouse sur le site d'Airbus pour la réception des A340-300. Il est cependant incontestable aujourd'hui de dire que nonobstant les recommandations techniques, les dirigeants de l'époque ont cédé à une décision politique pour le choix d'Airbus afin certainement de plaire à la France, alliée de la Transition et aussi dans l'espoir de lever la sanction incluant Air Madagascar dans la liste noire des compagnies aériennes interdites de vol commercial dans l’espace aérien européen. C'était un pari et il est perdu. Mais là où le bât blesse, c'est que tout le monde de l'aéronautique reconnaissait que le A340 était un bel avion mais son exploitation restait difficile à rentabiliser. Toute les grandes compagnies aériennes s'en débarrassaient et Air France s'était bien frotté les mains d'en céder deux au sein de sa flotte avec l'aide complice de nos dirigeants de l'époque.
Aujourd'hui, cette décision de justice, si elle vient à être confirmée en appel, place Air Madagascar dans une situation compliquée d'autant que le tribunal de commerce de Paris menace même la compagnie aérienne de la saisie des deux appareils. C'est une réalité bien difficile pour Air Mad qui pourrait la plonger dans un gouffre financier sans nom et un avenir incertain.Le salut pourrait peut-être venir d'Air Austral qui détient 49% des parts de Air Madagascar. La réaction de l'Etat malgache qui reste encore actionnaire majoritaire est également à scruter car la décision du tribunal de commerce de Paris risque tout simplement de clouer au sol le "voron-tsara dia".
 
 
Eddy Rabe
 
 
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M
Bonjour Eddy,<br /> Très bon article. <br /> À l'époque je m'étais interrogé aussi sur cette décision. J'ai posé des questions mais on m'a dit que je n'y comprenais rien. ???? . J'ai passé une licence de pilote commerciale, Canada et FAA. J'ai passé l'examen écrit d'instructeur de pilotage avion. Bon d'accord c'est en Amérique du Nord que j'ai passé tous ces examens. Mais je pense que je peux discuter un peu aviation, même si je ne viens pas au pays avec un uniforme de pilote ou un costard trois pièces avec un attaché-case. <br /> C'est toujours cette habitude chez nous africains de ne pas vouloir écouter les personnes qui ne s'habillent pas en costard cravate. Alors que chez nous sakalava on nous dit contamment : AZA MIHERIGNY ANKAJO GONY. Tu sauras mieux expliquer ça que moi.<br /> Bref, une flotte aérienne ce n'est pas seulement des avions. C'est la chaine de maintenance (les mécaniciens, les spécialistes avioniques, les pièces, la formation de l'équipe technique....) la formation des futures équipages de vol ( on connaît la complexité de recruter des pilotes), c'est l'équipage cabine. C'est le calcul de l'autonomie, enfin ce n'est pas seulement le prix des avions. Je ne sais pas qui était conseillé à l'époque mais je suis persuadé qu'il s'est bien rempli la panse. <br /> Mais maintenant il faut bien réfléchir. Où en est-on? Comment est la nouvelle équipe technique? Et tout lereste? Si toute la maintenance et me reste l'équipe est formé et a une expertise airbus, alors il faut rester sur Airbus, mais pourquoi pas remplacer ces deux airbus par un appareil? Pourquoi ne pas réfléchir à une location? Plusieurs pistes peuvent être explorées...Mais pour ça il faut avoir toutes les cartes en main.<br /> Ton blog est une vraie bouffée d'air pur dans le paysage médiatique malgache, au pays comme à l'étranger.
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