Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Monjangaia

Monjangaia

C'est un blog d'informations et d'analyses sur l'actualité internationale en général, et, malgache, en particulier.

Publié le par Eddy Rabe

Voir les commentaires

Publié le par Eddy Rabe
L'Amiral Didier Ignace Ratsiraka.

L'Amiral Didier Ignace Ratsiraka.

04 novembre. Cette date ne dit pas grand-chose pour les plus jeunes mais pour ceux qui étaient en âge de comprendre les choses dans les années 80 s'en souviennent peut-être encore. Il s'agit de la date anniversaire de la naissance de Didier Ratsiraka. Né le 04 novembre 1936 à Vatomandry, dans la région Atsinanana, province de Tamatave et Chef d'Etat durant presque tout son parcours politique, Didier Ratsiraka a fortement marqué l'histoire politique de Madagascar. Il a marqué tout court l'histoire du pays en ayant été renversé deux fois du pouvoir, en 1991 et en 2002, dans des circonstances qui avaient plongé le pays dans des crises sans précédent. Brillant officier de la Marine ayant effectué l'Ecole de Guerre en passant aussi par l'Ecole navale de Brest, il s'était fait remarquer en ayant occupé la fonction de ministre des Affaires étrangères du gouvernement transitoire après le renversement de la Première République de Philibert Tsiranana. 

Le fait marquant de son parcours politique fut sa propulsion en tant que Chef d'Etat et Président de la République Démocratique de Madagascar en 1975 en faisant adopter par référendum sa légitimité à la tête du pays, une nouvelle constitution instaurant la Deuxième République et le livre-programme appelé le "Livre rouge". Cet avènement de la Deuxième République calquée sur le modèle du socialisme marxiste avait conduit Madagascar dans une ère de Révolution socialiste ayant son fondé de pouvoir sur les collectivités décentralisées subdivisées en Fokontany (collectivités locales de base regroupées en quartiers), Firaisana (communes), Fivondronana (districts) et Faritany (provinces). Malgré les efforts et la volonté politique de développer le pays par la politique de l'investissement à outrance, la Deuxième République de Didier Ratsiraka fut controversée et n'eut pas connu l'adhésion totale de la population. Le népotisme dans la gestion des affaires publiques et la corruption opérés par les dignitaires de la Révolution la rendirent même impopulaires. Aussi, le virage à 180 degrés de la politique économique imposée plus ou moins par les bailleurs de fonds éclipsa peu à peu la Révolution face à l'ajustement structurel de rigueur et son lot d'austérité. Ce souffle de changement impulsé aussi par la chute mondiale du bloc socialiste entraîna la chute de "Deba"* par un mouvement populaire et l'élection présidentielle anticipée qui s'ensuivit. Ce fut en 1993 après qu'il eût été réélu deux fois durant la Deuxième République, en 1982 et en 1989. Quoi qu'on en dise, on lui doit à cette époque la modernisation du pays par la construction de grandes infrastructures; et depuis, Madagascar n'avait plus connu de telles grandes réalisations.  

Cependant, son habileté politique et son charisme ont fait qu'il avait toujours pesé dans le destin politique de Madagascar tel un phénix qui renaît de ses cendres, comme en atteste son retour au pouvoir en 1996 contre toute attente. Les traversées du désert et les exils forcés loin du pays ne l'ont jamais dissuadé à quitter la scène politique. En 2009, lorsque son rival qui l'avait évincé du pouvoir, Marc Ravalomanana fut renversé à son tour, l'Amiral Ratsiraka était sollicité dans la sortie de crise et avait même contribué à l'ascension du jeune maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina à la tête du pays dans une période de transition. Ecarté de l'élection présidentielle de 2013 pour mettre fin à la transition sur injonction de la communauté internationale, tout comme Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana, Didier Ratsiraka créait la surprise lors des présidentielles de 2018 en se lançant dans la course dans les derniers moments malgré sa revendication pour le report de celles-ci. Ce sursaut de dernière minute avait interpellé et intriguait  bon nombre d'observateurs sur l'ambiguïté de ses choix et de ses orientations politiques. Le faible score qu'il avait récolté lors de ces dernieres élections, indigne pour son rang, et son grand âge laissent supposer qu'il va enfin prendre une retraite politique méritée, d'autant qu'il s'est fait discret, voire invisible de la scène politique, depuis l'accession au pouvoir de Andry Rajoelina. Mais jusqu'ici rien d'officiel en ce sens n'a été communiqué. L'Amiral garde toujours la barre et reste l'un des rares hommes politiques malgaches incarnant parfaitement l'habit d'homme d'Etat. Qui sait, le phénix renaîtra peut-être... Joyeux anniversaire Président!

*: surnom attribué à Didier Ratsiraka. 

 

Eddy Rabe 

Voir les commentaires

Publié le par Eddy Rabe
L'un des deux Airbus A340-300 aux couleurs de Air Madagascar et au coeur du litige opposant la compagnie aérienne malgache à Air France.

L'un des deux Airbus A340-300 aux couleurs de Air Madagascar et au coeur du litige opposant la compagnie aérienne malgache à Air France.

Selon Jeune Afrique, Air Madagascar a été condamnée par le tribunal de commerce de Paris, ce 17 octobre, à verser 21 millions d'euros à Air France suite à son litige avec la compagnie aérienne française. Cette cour de justice française a en effet débouté la compagnie aérienne malgache de sa demande de vouloir révoquer le contrat qu'elle avait contracté avec Air France pour contrat abusif suite à l'acquisition en location-vente de deux Airbus A340-300. Même si Air Mad va interjeter appel, cette décision de justice va mettre encore plus à mal sa santé financière déjà très précaire. On peut même affirmer que c'est une très mauvaise nouvelle et elle tombe très mal pour Air Mad à l'heure où elle espère se restructurer et se relancer.
Rappelons que Air Madagascar a acquis ces deux appareils en 2012 pendant la Transition. A l'époque, les techniciens de la compagnie malgache et le syndicat des pilotes mettaient en doute la décision de leurs dirigeants recommandant plutôt l'achat de Boeing 777. Les arguments techniques étaient presque unanimes en ces moments-là: l'exploitation des Airbus reviendrait cher pour Air Madagascar, ils sont trop gourmands en carburant sans compter les formations du personnel navigant et des techniciens rompus au fonctionnement et à la maintenance des appareils de la firme américaine. Des années plus tard, ces doutes sont confirmés. Les A340 ont plus plombé Air Mad qu'ils ne l'ont soulagé d'où le litige actuel avec Air France.
 
Décision politique
 
Faut-il aussi le rappeler que le pouvoir de la Transition de l'époque dirigé par Andry Rajoelina affichait une certaine fierté à l'acquisition des deux aéronefs et promettait la fin des galères de la compagnie aérienne malgache. Andry Rajoelina en personne accompagné de son ministre des finances de l'époque et non moins Président du Conseil d'Administration d'Air Madagascar, un certain Hery Rajaonarimampianina, avait même fait le déplacement à Toulouse sur le site d'Airbus pour la réception des A340-300. Il est cependant incontestable aujourd'hui de dire que nonobstant les recommandations techniques, les dirigeants de l'époque ont cédé à une décision politique pour le choix d'Airbus afin certainement de plaire à la France, alliée de la Transition et aussi dans l'espoir de lever la sanction incluant Air Madagascar dans la liste noire des compagnies aériennes interdites de vol commercial dans l’espace aérien européen. C'était un pari et il est perdu. Mais là où le bât blesse, c'est que tout le monde de l'aéronautique reconnaissait que le A340 était un bel avion mais son exploitation restait difficile à rentabiliser. Toute les grandes compagnies aériennes s'en débarrassaient et Air France s'était bien frotté les mains d'en céder deux au sein de sa flotte avec l'aide complice de nos dirigeants de l'époque.
Aujourd'hui, cette décision de justice, si elle vient à être confirmée en appel, place Air Madagascar dans une situation compliquée d'autant que le tribunal de commerce de Paris menace même la compagnie aérienne de la saisie des deux appareils. C'est une réalité bien difficile pour Air Mad qui pourrait la plonger dans un gouffre financier sans nom et un avenir incertain.Le salut pourrait peut-être venir d'Air Austral qui détient 49% des parts de Air Madagascar. La réaction de l'Etat malgache qui reste encore actionnaire majoritaire est également à scruter car la décision du tribunal de commerce de Paris risque tout simplement de clouer au sol le "voron-tsara dia".
 
 
Eddy Rabe
 
 

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 200 > >>